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Mise en page 1 - Théâtre Massalia

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Traditions, transgressions, proposé par La P<strong>en</strong>sée de Midi<br />

dans l’histoire, dans la querelle du Flam<strong>en</strong>co. Pas l’anci<strong>en</strong>, mais le nouveau pur. Parce<br />

qu’à chaque fois, il y a des nouveaux purs. Par exemple, je déteste quand au Flam<strong>en</strong>co<br />

on ajoute, qu’est-ce qu’on ajoute… Non, pas la guitare. Quand ça se croise avec la musique<br />

sud-américaine, la rumba, tout ça, moi je n’aime pas. C’est quelque chose que je<br />

n’aime pas. Et pourtant, la démarche de Zad Moultaka et de Yalda Younes, et <strong>en</strong> général<br />

dans tout ce qu’elle fait, je la trouve complètem<strong>en</strong>t légitime. J’aimerais bi<strong>en</strong> vous interroger<br />

là-dessus.<br />

Thierry Fabre<br />

Je crois qu’on peut aussi prolonger sur la danse avec l’autre spectacle de danse de Ziya<br />

Azazi, qui part de l’héritage soufi, de l’art de tourner, de tourner, et de tourner <strong>en</strong>core. Il<br />

<strong>en</strong> fait une performance d’art contemporain et d’expression contemporaine. Comme il le<br />

disait hier, quand les traditionnels le voi<strong>en</strong>t danser, ils dis<strong>en</strong>t : « C’est pas nous », mais<br />

<strong>en</strong> même temps, ils vont l’inviter à danser <strong>en</strong>semble, même si c’est <strong>en</strong> même temps totalem<strong>en</strong>t<br />

autre chose. C’est de la danse contemporaine. C’est vraim<strong>en</strong>t une expression<br />

contemporaine. C’est vraim<strong>en</strong>t dans cette t<strong>en</strong>sion <strong>en</strong>tre les deux. J’avais regardé les textes,<br />

puisque c’est Manuel De Falla et Garcia Lorca, dans les années 20, qui, à Gr<strong>en</strong>ade,<br />

on fait le premier congrès qui a r<strong>en</strong>ouvelé, qui s’est réapproprié le Cante Jondo etc… La<br />

aussi, ils ont réinv<strong>en</strong>té une tradition. Si on est dans cette idée, qu’au fond, les traditions<br />

sont sans cesse à être réinv<strong>en</strong>ter, à réinv<strong>en</strong>ter, c’est à dire qu’elles s’inscriv<strong>en</strong>t dans le<br />

temps, l’<strong>en</strong>nemi principal c’est l’ess<strong>en</strong>tialisme et d’essayer de figer une forme culturelle,<br />

après, tout est ouvert. Place à la création !<br />

Un homme dans l’assemblée<br />

On n’a pas demandé à Zad Moultaka les réactions des musici<strong>en</strong>s traditionnels arabes par<br />

rapport à sa musique ?<br />

Zad Moultaka<br />

Il y a <strong>en</strong> fait deux catégories. Il y a ceux qui fui<strong>en</strong>t.<br />

Catherine Peillon<br />

Et qui stigmatis<strong>en</strong>t.<br />

Zad Moultaka<br />

Et il y a ceux qui sont intrigués et qui ont <strong>en</strong>vie de r<strong>en</strong>trer dans une av<strong>en</strong>ture comme<br />

celle-là. Pour moi, c’est passionnant parce que ce sont des g<strong>en</strong>s qui sont porteurs d’un<br />

savoir-faire et d’une attitude vis à vis de l’instrum<strong>en</strong>t. Tout à l’heure, je racontais que<br />

j’avais travaillé avec un musici<strong>en</strong>, un joueur de « quanoun », un espèce de psaltérion,<br />

avec les cordes couchées. C’est quelqu’un qui maîtrise très bi<strong>en</strong> l’art du « taksim », l’improvisation,<br />

qui est passé par l’oralité, qui connaît ça depuis tout petit et qui fait ça très<br />

bi<strong>en</strong>. En fait, j’ai essayé de lui donner des formes qui sont différ<strong>en</strong>tes, par exemple de<br />

sortir des modes, ou des gammes qui sont traditionnelles, de lui dire, « Voilà, je te propose<br />

une gamme, avec des intervalles qu’on ne trouve pas du tout dans la musique<br />

arabe, mais qui est quand même basée sur la même chose, qui sont proches au niveau<br />

de l’esprit, des parfums. C’est comme si on pr<strong>en</strong>ait une gamme, qu’on la tordait, qu’on<br />

l’élargissait, qu’elle dev<strong>en</strong>ait élastique et au travers de laquelle on effaçait des notes,<br />

avec des creux. Je lui dis : « Voilà, ce que tu sais faire, ce que tu sais faire avec le taksim,<br />

avec cet instrum<strong>en</strong>t là, est-ce que tu peux le faire à l’intérieur d’une gamme qui n’est pas<br />

la ti<strong>en</strong>ne ? Qui t’est étrangère ? ». Elle n’est pas tout à fait étrangère parce qu’il y a des<br />

<strong>en</strong>droits quand même qui sont des points de repère. En fait, il a joué le jeu, il est r<strong>en</strong>tré<br />

dedans, et c’était absolum<strong>en</strong>t extraordinaire parce qu’il disait : « En même temps, j’ai<br />

l’impression d’être chez moi, et <strong>en</strong> même temps, je n’ai pas l’impression d’y être ». Il avait<br />

<strong>en</strong>vie de recomm<strong>en</strong>cer. Tout à coup, il était dans un espace. Il y a beaucoup de musici<strong>en</strong>s<br />

arabes qui sont, surtout des nouvelles générations, intéressés, qui ont besoin, qui cherch<strong>en</strong>t.<br />

En Turquie c’est la même chose. Des g<strong>en</strong>s qui cherch<strong>en</strong>t un nouvel espace.<br />

Catherine Peillon<br />

Moi je voudrai juste te faire part d’une anecdote, c’est que c’est vrai que les musici<strong>en</strong>s<br />

arabes, sur le mom<strong>en</strong>t, ils peuv<strong>en</strong>t sembler un peu surpris, mais dans le fond, ils sont<br />

très intéressés. Quand ils sont vraim<strong>en</strong>t musici<strong>en</strong>s, quand ils sont créateurs, ils sont toujours<br />

intéressés. D’une part, comme on dit « c’est pas n’importe quoi », ce n’est pas quel-<br />

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