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Epistemologie des sciences sociales

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Prémisse-Propositions particulières décrivant <strong>des</strong> conditions initiales.<br />

Conclusion : Conséquences observables (déduit de 1 et 2).<br />

Ainsi, on peut expliquer la rupture d’une canalisation en reconstruisant un système déductif tel que (très<br />

approximativement) :<br />

Prémisse : Si l’eau gèle, son volume augmente.<br />

Prémisse : La température est au-<strong>des</strong>sous de 0 °C ; la résistance <strong>des</strong> canalisations est telle et telle, etc.<br />

Conclusion : La canalisation cède.<br />

La « loi » disant : « Si l’eau gèle, son volume augmente » peut être elle-même expliquée en ce sens<br />

qu’elle peut être la conclusion d’un autre système déductif. On peut décider de réserver le terme « loi »<br />

aux propositions les plus générales, c’est-à-dire à celles qui ne sont jamais <strong>des</strong> conclusions, en l’état<br />

actuel de la science. Mais on peut se montrer moins rigoriste sur la question et admettre toutes sortes de «<br />

lois » empiriques qui pourraient, en fait, apparaître comme <strong>des</strong> conclusions dans certaines déductions<br />

(Salmon, 1999).<br />

Bref, expliquer revient à reconstruire un système déductif dans lequel ce qui explique (l’explanans), ce<br />

sont les prémisses et ce qui est à expliquer (l’explanandum) est la conclusion. L’explanans consiste en<br />

énoncés de lois et de conditions initiales ; l’explanandum décrit le phénomène à expliquer. On dit de ce<br />

modèle qu’il est « déductif-nomologique » (on y fait référence au moyen <strong>des</strong> initiales D-N). Il existe une<br />

variante dite « inductive-statistique » (ou I-S) de ce modèle. D’après cette variante, les lois ne sont pas<br />

universelles mais seulement statistiques, et la conclusion n’est pas certaine mais seulement hautement<br />

probable.<br />

Ces deux variantes ont le même mode d’opération. La conclusion décrit ce qui devrait se passer si le<br />

système déductif était correct. Ce dernier est testé dans son ensemble par <strong>des</strong> expériences contrôlées. Ces<br />

deux variantes présentent aussi les mêmes particularités importantes du point de vue de la philosophie<br />

<strong>des</strong> <strong>sciences</strong>.<br />

1 / Symétrie entre expliquer et prédire. On peut considérer la conclusion ou bien comme une prédiction<br />

ou bien comme une explication rétrospective.<br />

2 / Séparation du contexte de la découverte et du contexte de la justification. Les deux variantes du<br />

modèle ne disent rien de la formation <strong>des</strong> hypothèses ou de la découverte <strong>des</strong> lois universelles ou<br />

statistiques.<br />

3 / Séparation relative de la théorie et de l’observation. Certaines propositions, au moins, énoncent <strong>des</strong><br />

conséquences observables, suffisamment indépendantes <strong>des</strong> théories pour qu’elles puissent les départager<br />

lorsqu’elles sont rivales.<br />

4 / Engagement normatif. Les deux variantes du modèle ne se contentent pas de décrire les explications<br />

scientifiques effectives. Elles nous disent ce qu’est une bonne explication.<br />

Cette théorie de l’explication respecte quelques grands principes positivistes (dont le refus de la<br />

métaphysique et le souci de la précision linguistique) tout en rejetant ses défauts les plus criants (la

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