aristotélisme et stoïcisme à l'époque impériale - Archipel
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Pour arriver <strong>à</strong> c<strong>et</strong>te fin, Alexandre utilisera le même procédé méthodologique que<br />
précédemment, soit opposer deux thèses stoïciennes. Pourtant, le Problème VI a ceci<br />
d'original que la contradiction présentée s'étend sur deux Problèmes, le V<strong>et</strong> le VI. En<br />
eff<strong>et</strong>, la première partie de l'argument repose sur les principes sous-jacents aux relations<br />
de contrariété, principes qu'Alexandre a explicités au Problème V. Nous y avons alors<br />
213<br />
vu que ['indifférence du plaisir n'adm<strong>et</strong>tait pas la possibilité d'une opposition stricte <strong>à</strong><br />
la douleur. Au Problème VI, Alexandre m<strong>et</strong>tra enjeu une autre conception du plaisir. Le<br />
plaisir dont il sera alors question n'est plus le plaisir indifférent, mais le plaisir, pourtant<br />
tout autant stoïcien, compris comme une passion (rrci8oç). C'est donc uniquement le<br />
rôle conféré par les Stoïciens <strong>à</strong> ce type bien particulier de plaisir qu'Alexandre veut<br />
reprendre. En eff<strong>et</strong>, la portée motivante du plaisir est inscrite dans le processus<br />
aristotélicien d'acquisition de la vertu. Le principe de connaturalité perm<strong>et</strong> du même<br />
coup d'octroyer <strong>à</strong> la douleur une part <strong>à</strong> ce processus: comme conséquence négative, la<br />
douleur perm<strong>et</strong>, au même titre que le plaisir, J'internalisation du comportement<br />
moralement bon 20s .<br />
Le Problème VI perm<strong>et</strong> donc la récupération du rôle psychologique du plaisir dans<br />
la théorie stoïcienne des passions, théorie que rapporte Stobée dans son Anthologie:<br />
205. Nous rejoignons en ce sens la lecture du processus aristotélicien d'acquisition de la<br />
vertu proposé par H.1. Curzer, dans son article "Aristotle's Painful Path to Virtue",<br />
Journal ofthe History ofPhilosophy, 40(2), 2002, 141-162, où il s'oppose <strong>à</strong> la lecture<br />
classique de ce processus, lecture qui s'appuie sur le caractère plaisant de la vertu. II<br />
tente en eff<strong>et</strong> de démontrer que le caractère douloureux inhérent au processus est aussi<br />
important que le plaisir <strong>et</strong> que même l'exercice de la vertu n'est pas toujours exempt<br />
de douleur. Alexandre semble bien lui donner raison lorsqu'il insiste au Problème V<br />
sur le critère de conformité <strong>à</strong> la nature: les relations de contrariété impliquent en eff<strong>et</strong><br />
qu'un acte produisant un plaisir non conforme <strong>à</strong> la nature, donc mauvais, devrait être<br />
opposé <strong>à</strong> une douleur moralement bonne. En ce sens, la douleur associée <strong>à</strong> un acte<br />
contre nature sera profitable <strong>à</strong> l'individu puisqu'elle aura pour rôle de le décourager<br />
du comportement contre naturel.