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aristotélisme et stoïcisme à l'époque impériale - Archipel

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c<strong>et</strong>te cause, nous aurons un devoir de résistance. Alexandre n'est en ce sens pas<br />

tellement loin de l'assentiment chrysipéen, ajoutant même au passage que seule<br />

l'ignorance pleine <strong>et</strong> entière de la nature des actes fautifs, qui justifierait une erreur<br />

d'assentiment, peut être pardonnable (130.6-130.9)257.<br />

284<br />

Comme preuve de c<strong>et</strong> état de fait, Alexandre propose de considérer l'exemple de<br />

ceux qui comm<strong>et</strong>tent des fautes sans être contraints, ni ignorants de la qualité morale de<br />

leurs actes, <strong>et</strong> qui ne se chagrinent toutefois pas ni ne font preuve de repentir. Alexandre<br />

précise alors que leurs actes ne pourront pas être involontaires: l'involontaire est cause<br />

d'affliction <strong>et</strong> s'accompagne de regr<strong>et</strong> (bnÀ;umi 'tE Kat EV IlE'taIlEÀElçx.)258 (130.9­<br />

\30.12). C<strong>et</strong> argument aristotélicien semble s'insérer un peu artificiellement dans<br />

l'économie de l'argument. Nous voyons mal, dans te contexte d'une discussion sur<br />

l'intériorité causale ce que peut signifier une considération sur les eff<strong>et</strong>s moraux d'un<br />

acte fautif involontaire. Peut-être devons-nous y lire une critique de la figure du sage<br />

stoïcien que décrivait Cléanthe, sage qui abdique impassiblement sa responsabilité au<br />

destin <strong>et</strong> qui, tout en possédant le savoir, se laisse entraîner par la nécessité.<br />

257. Selon Robert Sharples (Sharples, R. W., Op. cit., 1990, p. 37, note 106), Richard<br />

Sorabji considère qu'A lexandre va plus loin qu'Aristote ici (voir aussi PE IX, 130.25).<br />

En eff<strong>et</strong>, pour Aristote, l'agent qui ne sait pas ce qui est bien stricto sensu ne peut être<br />

digne de pardon, tandis que l'ignorance des circonstances particulières entourant une<br />

action donnée peut-être pardonnée (EN, [II, l, III Ob28-1 [ II a2 ; Ill, 5, 1114a9-1 0,<br />

1114a3I-b25). R. Sharples doute cependant qu'il y ait réelle divergence entre Aristote<br />

<strong>et</strong> Alexandre. Le cas de figure évoqué par le passage de 130.8-9 serait celui d'une<br />

personne qui ne savait pas même que ses actions avaient une incidence sur son<br />

développement moral. À l'instar de R. Sharples, nous ne croyons pas qu'Alexandre<br />

soutiendrait qu'une telle personne existe vraiment (même les déterministes montrent<br />

par leurs actions une compréhension de ce fait. De/ato, 18, 188. [9-189.9). Aristote<br />

envisageait déj<strong>à</strong> que les "exceptions" <strong>à</strong> la norme humaine ne pouvaient être intégrées<br />

<strong>à</strong> une théorie morale générale (EN, Vll, 5, 1149a 16).<br />

258. Voir aussi EN, lll, l, III Ob22 <strong>et</strong> ss. :1:0 8È 81,' ayvoLCxv OUX EKOU0LOV IlÈv anav<br />

E01:1V, èx.KOUOl.OV 8È 1:0 EnlÀ;unov Kat ev IlE1:aIlEf"Ü

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