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aristotélisme et stoïcisme à l'époque impériale - Archipel

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La réponse est sans doute plus simple qu'il n'y paraîe 6 . En eff<strong>et</strong>, la dualité de<br />

l'impératif moral chez Alexandre pourrait bien n'être que l'expression de l'idée, déj<strong>à</strong><br />

latente dans l'Éthique <strong>à</strong> Nicomaque, que la morale individuelle, qui puise son expression<br />

dans la liberté de la raison, ne saurait subsister en tant que morale que si elle s'ordonne<br />

<strong>à</strong> une fin. Ainsi, l'intériorité de l'acte moral ne saurait se passer d'une té léologie qui, par<br />

sa détermination naturelle, fournit une mesure extérieure de la moralité. Tant que c<strong>et</strong>te<br />

théorie n'avait pas été confrontée <strong>à</strong> une vision déterministe du monde, qui aurait pu<br />

assimiler la fin aristotélicienne <strong>à</strong> un impératif moral extérieur, il n'était nul besoin de<br />

nuancer. Dès lors cependant que l'homme se trouve redéfini par les Stoïciens <strong>et</strong> qu'il<br />

perd sa liberté individuelle, d'un point de vue strictement alexandriste, au profit d'une<br />

raison qui lui est supérieure, il fallait redéfinir dans la pensée aristotélicienne la relation<br />

entre la morale individuelle <strong>et</strong> la fin (le \;ÉÀoç).<br />

Alexandre y parviendra notamment en concédant <strong>à</strong> la capacité individuelle une<br />

liberté qui s'exprime comme une responsabilité <strong>à</strong> l'égard de la téléologie. Dès lors, la<br />

réconciliation des deux paliers se produirait ainsi: la raison, en ce qu'elle est le principe<br />

interne de la morale, est garante de la liberté individuelle, qui se traduit par une<br />

76. Nous pourrions justifier c<strong>et</strong>te conciliation en invoquant le penchant d'Alexandre<br />

d'Aphrodise pour le matérialisme de Straton de Lampsaque, qui fut successeur de<br />

Théophraste <strong>à</strong> la tête du Lycée, <strong>et</strong> qui avait été nommé "le Physicien" en raison de ses<br />

nombreuses études sur la nature (Polybe, Histoire, XII, 25C, 3. Traduit par Pédech, P.,<br />

Paris, Belles L<strong>et</strong>tres, vol 9. Voir aussi Diogène Laërce, Vies <strong>et</strong> doctrines des<br />

philosophes illustres, V, 58-64. Traduction de Michel Narcy). La modification<br />

substantielle de l'éthique aristotél icienne par Alexandre serait ainsi une réponse <strong>à</strong> la<br />

définition de l'homme proposée par les Stoïciens <strong>et</strong> dont Alexandre, sans l'accepter<br />

entièrement, devait reconnaître la valeur en raison de ses fondements matérial istes.<br />

Paul Moraux propose de lire la présence d'un tel matérialisme chez Alexandre<br />

(Moraux, P., Op. cil., 1942). Pierre Thill<strong>et</strong> a quant <strong>à</strong> lui fourni un contre-argumentaire<br />

dans son article "Matérialisme <strong>et</strong> théorie de l'âme <strong>et</strong> de l'intellect chez Alexandre<br />

d' Aphrodise" (Revue philosophique de la France <strong>et</strong>de l'étranger, 171 (CLXX 1), 1981,<br />

pp. 5-24) où il rem<strong>et</strong> sérieusement en question un tel matérialisme. La présence d'un<br />

matérialisme chez Alexandre reste donc <strong>à</strong> établir.<br />

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