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aristotélisme et stoïcisme à l'époque impériale - Archipel

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Fort de ces constatations, Alexandre démontre qu'en adoptant la position<br />

aristotélicienne, nous échappons au problème de l'imputabilité morale. En eff<strong>et</strong>, les<br />

châtiments s'appliquent <strong>à</strong> ce qui dépend de nous. Or, puisque ce qui est involontaire<br />

possède ce caractère soit <strong>à</strong> cause de l'ignorance, soit de la contrainte, <strong>et</strong> qu'une mauvaise<br />

action ne dépend pas de l'agent si elle est involontaire, alors aucun châtiment ne pourra<br />

s'appliquer <strong>à</strong> ceux qui ne sont pas cause de leur ignorance. En eff<strong>et</strong>, seules l'ignorance<br />

<strong>et</strong> lacontrainte qui ne dépendent pas de nous justifient le caractère involontaire d'un acte<br />

(130.29-130.33). "Ne pas dépendre de nous" est une condition qui doit impliquer une<br />

influence extérieure. Alexandre a montré que c<strong>et</strong>te influence n'a pas pour autant <strong>à</strong> être<br />

comprise comme une imbrication de causes qui s'étendent <strong>et</strong> se déploient dans<br />

l'ensemble du monde. En d'autres termes, le destin n'est pas la seule justification<br />

possible du caractère involontaire d'un acte: l'imputabilité morale dépend de la liberté<br />

inhérente <strong>à</strong> l'action humaine.<br />

La discussion des deux causes aristotéliciennes de l'involontaire rem<strong>et</strong> donc en<br />

cause le déterminisme stoïcien. Le point de jonction, <strong>et</strong> de confrontation, entre les deux<br />

théories s'articule autour de deux grands thèmes. D'abord la question de ['assentiment,<br />

<strong>et</strong> de la possibilité que c<strong>et</strong>te puissance humaine offre d'échapper aux contraintes<br />

exercées par la nécessité. Puis, une exploration de l'imputabilité morale, <strong>à</strong> l'aune d'un<br />

nouveau critère applicable <strong>à</strong> la causalité: la catégorie de ce qui dépend de nous.<br />

L'exégèse alexandriste de l'ignorance constitue d'abord une habile charge contre le rôle<br />

conféré <strong>à</strong> l'assentiment par Chrysippe. C<strong>et</strong>te attaque tient au fait qu'Alexandre présente<br />

un système téléologique. Dans ce contexte, l'assentiment ne peut se réduire <strong>à</strong> une simple<br />

appréciation momentanée propre <strong>à</strong> chaque situation. Il est chargé de l'héritage<br />

individuel, acquis au cours de la formation morale de l'individu. Pourtant, la dualité des<br />

causes (premières <strong>et</strong> complètes ou prochaines <strong>et</strong> auxiliaires) proposée par Chrysippe<br />

n'est pas sans charme pour Alexandre. Il doit reconnaître qu'il y a quant <strong>à</strong> l'action

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