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LA LUTTE CONTRE LE RACISME, L'ANTISÉMITISME ... - Le Monde

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souffrances sociales et de mal-être, les populistes cherchent des coupables. Bref, le<br />

repliement obsidional sert de programme et de cri de ralliement.<br />

Dresser les uns contre les autres. Exemple : en Suède, la formation politique de Jimmie<br />

Akesson (le Parti des Démocrates de Suède) ne représentait pas grand-chose, il y a<br />

quelques années. Puis, à force de stigmatiser les immigrés, son mouvement a obtenu<br />

2,9 % des voix en 2006. Akesson a réussi une percée et, en 2010, sa formation a fait<br />

son entrée au Parlement avec 5,7 % des voix. Elle prive ainsi de majorité la coalition de<br />

centre droit, au pouvoir depuis l’année 2006. Or la percée historique de l’extrême droite<br />

dans ce pays met en lumière un phénomène qui tend à devenir général en Europe : le<br />

développement de mouvements populistes et xénophobes.<br />

En Hongrie le parti (antisémite) Jobbik – qui dispose même d’une milice privée – a<br />

attiré à lui 16,7 % des suffrages et a ainsi pu entrer au Parlement (46 sièges). Aux<br />

Pays-Bas, le PVV de Geert Wilders s’est installé comme la troisième force du pays<br />

(24 sièges) ; en Autriche, le Parti libéral autrichien (FPÖ) a séduit près d’un cinquième<br />

des électeurs aux dernières élections, en 2008, en menant une campagne agressive<br />

contre l’immigration (28,2 %). En Italie, l’extrême droite est entrée au gouvernement<br />

: Roberto Maroni, ministre de l’Intérieur, est en effet membre de la Ligue du<br />

nord. En Suisse, elle réussit à faire interdire la construction de minarets, cependant<br />

qu’en Norvège, le Parti du Progrès (FrP) est le deuxième courant du pays depuis 2005.<br />

Il adopte une posture extrémiste pour tous les thèmes de la politique (économie,<br />

social, immigration). À la fois ultraconservateur et ultralibéral, c’est l’un des partis<br />

européens d’extrême droite les mieux représentés, avec 23 % des voix lors du dernier<br />

scrutin législatif de 2009. En Grande-Bretagne, où jusqu’à présent ce courant<br />

politique était quasi inexistant, le British National Party (BNP) s’est imposé dans le<br />

paysage politique. Et l’immigration a été l’un des principaux thèmes de campagne.<br />

En Bulgarie, l’Ataka a obtenu un 9,4 %. En France, la lepénisation des esprits a fait<br />

son œuvre : on stigmatise les immigrés et les Roms. Bref, partout en Europe, l’extrême<br />

droite réussit à polluer le débat, et même à imposer certains de ses thèmes<br />

aux formations démocratiques classiques.<br />

Cependant, la nouvelle poussée de l’extrême droite sur la scène européenne ne peut<br />

être interprétée, nous semble-t-il, comme un phénomène conjoncturel. Elle est plutôt<br />

l’expression d’un mouvement identitaire, en réaction au processus d’ouverture<br />

des frontières à l’échelle internationale, qui fragilise les souverainetés et les identités<br />

nationales. De fait, pour tenter de canaliser cette percée, l’Europe devrait expliquer<br />

la finalité de son projet (politique) et rassurer, tout en fixant des limites adéquates.<br />

Car l’Europe, rappelons-le, ne vise pas à uniformiser les cultures et/ou à gommer les<br />

identités nationales. En attendant, le repli sur soi et la stigmatisation des immigrés<br />

reste un thème porteur et un argument électoraliste susceptible de rallier de nombreux<br />

électeurs.<br />

142 <strong>Le</strong>s manifestations du racisme en France en 2010

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