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LA LUTTE CONTRE LE RACISME, L'ANTISÉMITISME ... - Le Monde

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Police, justice et discriminations<br />

raciales en France : état des savoirs<br />

Fabien Jobard et René Lévy 25<br />

La police agit-elle, en France, de façon indifférenciée selon les publics qu’elle traite, et<br />

notamment selon l’origine des personnes qu’elle est amenée à connaître ? La justice<br />

pénale traite-t-elle les justiciables (victimes, prévenus, condamnés) sans discrimination<br />

selon l’origine des personnes concernées ?<br />

Ces questions sont devenues centrales dans le débat français, notamment depuis le<br />

début des années 1980, lorsque les jeunes révoltés des périphéries urbaines ont brutalement<br />

porté à l’agenda public la question des violences ou abus policiers dont ils se<br />

voyaient la cible. La société française, comme souvent, ne s’est pas donné de moyens<br />

très élaborés pour entreprendre d’éclairer l’opinion ou l’action publiques. On compte<br />

en effet aujourd’hui peu de travaux qui tentent de quantifier la question et, comme<br />

nous le verrons, ce pour des raisons qui ne tiennent pas seulement, voire pas du tout,<br />

à l’absence de catégories raciales ou ethniques dans le recensement. En revanche, on<br />

a assisté dès le début des années 1980 à une production intense de littérature militante<br />

ou associative tentant de documenter ces phénomènes, parallèle à une production<br />

sociologique de nature qualitative, procédant par observations monographiques<br />

ou entretiens approfondis. Peu à peu, pour tout un ensemble de raisons en partie<br />

extérieures à ces seules préoccupations, un souci de quantification a vu le jour, qui a<br />

amené le regain de productions en la matière. Enfin, sur l’ensemble de ces questions,<br />

les travaux relatifs à la police ont été plus nombreux que ceux sur la justice. Mais cet<br />

avantage de ceux-là sur ceux-ci ne saurait masquer le fait que, dans l’ensemble, la<br />

sociologie des « institutions répressives » (police et justice pénale) a toujours constitué<br />

en France un domaine mineur à côté des gros bataillons de la sociologie de l’école ou<br />

de la mobilité sociale. <strong>Le</strong>s travaux dont il sera question ici pèsent de manière infinitésimale<br />

au regard de ce qui est produit aux États-Unis – et un peu plus tardivement au<br />

Royaume-Uni – où la sociologie des discriminations produites par la police et la justice<br />

est considérable, au moins depuis les vastes programmes présidentiels de recherche<br />

lancés à la suite des émeutes urbaines des années 1960.<br />

C’est quoi qu’il en soit de l’ensemble des travaux français que nous allons livrer ici un<br />

aperçu aussi complet que possible, en essayant de rendre compte à la fois de l’évolution<br />

des phénomènes observés et des changements dans les pratiques de recherche et<br />

25. Centre de recherche sur le droit et les institutions pénales (CESDIP, CNRS/UVSQ/ministère de la Justice).<br />

Fabien Jobard et René Lévy<br />

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