31.08.2013 Views

LA LUTTE CONTRE LE RACISME, L'ANTISÉMITISME ... - Le Monde

LA LUTTE CONTRE LE RACISME, L'ANTISÉMITISME ... - Le Monde

LA LUTTE CONTRE LE RACISME, L'ANTISÉMITISME ... - Le Monde

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

La preuve de la discrimination à l’embauche<br />

La délibération no 2008-135 est une illustration intéressante d’une méthodologie de<br />

la HALDE sur l’aménagement de la charge de la preuve acceptée par une juridiction.<br />

Dans une grande entreprise, une candidature a été rejetée, alors que le candidat avait<br />

rempli de nombreuses missions pour l’entreprise. La HALDE a fait une enquête et<br />

constaté que l’origine maghrébine du réclamant a semblé être la seule justification au<br />

rejet de sa candidature.<br />

La HALDE a présenté ses observations devant le Conseil des prud’hommes. L’affaire<br />

a été jugée en appel, et le raisonnement de la HALDE a été suivi par la Cour (cf. arrêt<br />

CA Toulouse, chambre sociale, 19 février 2010)<br />

L’employeur déniant toute discrimination, la Cour fait expressément mention de l’article<br />

L 1134 – 1 qui prévoit l’aménagement de la charge de la preuve, et à l’instar de<br />

la HALDE, elle procède à une comparaison minutieuse des deux dossiers, celui de la<br />

personne recrutée et celui de la personne écartée. Elle retient une discrimination à<br />

l’embauche fondée sur le nom d’origine maghrébine.<br />

Cette décision qui infirme le jugement prud’homal applique d’abord très clairement le<br />

principe de l’aménagement de la charge de la preuve. Ensuite elle admet que l’analyse<br />

des embauches à partir des patronymes des personnes embauchées peut constituer<br />

un indice de discrimination. Ce point est particulièrement important car en l’absence<br />

de toute statistique sur l’origine ethnique des salariés, et s’agissant de personnes qui<br />

sont toutes françaises, cet arrêt montre qu’il demeure possible de faire la preuve d’une<br />

discrimination raciale.<br />

Enfin, la Cour relève que le fait qu’à un moment donné une entreprise se soit vu décerner<br />

un label de non discrimination ne saurait en quelque sorte valoir de « fait justificatif<br />

» pour l’exonérer à l’avenir si elle commet une discrimination. Il s’agit de deux<br />

choses différentes.<br />

Cette question est essentielle car de nombreuses entreprises signent des chartes de<br />

la diversité ou d’autres documents mais ces engagements, aussi précis soient-ils, ne<br />

sauraient valoir justification et ne doivent pas dispenser le juge de rechercher si dans<br />

le cas d’espèce qui lui est soumis, il y a eu ou non discrimination.<br />

<strong>Le</strong>s tests de discrimination<br />

Un autre moyen de prouver la discrimination est le test de discrimination employé avec<br />

succès par les associations notamment pour l’accès aux services privés.<br />

La HALDE a ainsi mené plusieurs tests en matière de logement pour démontrer la discrimination<br />

liée à l’origine en matière de logement, ou pour mettre en évidence que de<br />

nombreuses offres d’emploi étaient subordonnées à un critère discriminatoire, le fait<br />

de ne pas être d’origine africaine. Pour conduire ces tests à visée judiciaire la HALDE<br />

318 La réponse institutionnelle

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!