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LA LUTTE CONTRE LE RACISME, L'ANTISÉMITISME ... - Le Monde

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Au final, il semble aux yeux de la plupart des personnes rencontrées qu’un verrou ait<br />

sauté dans le discours politique admis ou admissible sur ce sujet.<br />

Cela conduit à une certaine banalisation du discours « raciste », xénophobe ou de<br />

méfiance à l’égard de l’Autre. Cette banalisation est soit :<br />

• déplorée, avec la crainte qu’elle n’entraîne une augmentation des stigmatisations ;<br />

• accueillie favorablement comme la fin d’une hypocrisie.<br />

« La libération de la parole a changé. S’est inhibée dans les classes favorisées et démocratisée<br />

dans les classes populaires » (H, 53 ans, consultant en risques sociaux et professionnels,<br />

Français d’origine française, La Riche).<br />

« D’ailleurs on ne communique plus, les médias ne communiquent que sur ce qui ne va pas.<br />

Pour moi s’il n’y a que communication négative, il y aura forcément répercussions négatives »<br />

(F, 25 ans, chargée de développement à La Poste, Française d’origine marocaine, Dijon).<br />

« La classe politique attise le feu aussi des fois et disent des choses qui doivent dépasser leurs<br />

pensées. Par exemple, Marine <strong>Le</strong> Pen n’aurait pas dû tenir les propos qu’elle a tenus [sur<br />

les prières des musulmans dans la rue]. Brice Hortefeux qui l’année dernière a dit ces propos<br />

au jeune homme. La classe politique ne donne pas toujours le bon exemple » (F, 42 ans,<br />

secrétaire de direction, Française originaire des Antilles, Montrouge).<br />

« Moi je trouve qu’on crée des catégories de personnes, j’ai l’impression qu’il faut aujourd’hui<br />

rentrer dans des catégories et j’ai l’impression qu’on crée ce qu’il faut, alors est-ce que c’est<br />

volontaire, mais de fait on crée des catégories de personnes. On crée comme ça des distinctions<br />

entre bonnes catégories de citoyens et ceux qui ne le sont pas » (H, 40 ans, auditeur au<br />

ministère de la Justice, Français d’origine algérienne, Dijon).<br />

« [<strong>Le</strong>s propos de Marine <strong>Le</strong> Pen sur les prières des musulmans dans la rue] C’est des gens<br />

comme elle qui font du racisme en France. Un paysan qui n’a jamais vu un arabe de sa vie, en<br />

entendant ça il va devenir raciste. Ça enclenche le racisme des propos comme ça » (F, 29 ans,<br />

négociatrice immobilière, Française d’origine française, Courbevoie).<br />

« <strong>Le</strong> racisme en France ? Ça a empiré, avant, c’était très mal vu d’être raciste, c’était honteux,<br />

il y avait “touche pas à mon pote”, maintenant, il y a des gens qui en tirent presque une certaine<br />

fierté. » (F, 28 ans, architecte, Française d’origine française, Paris).<br />

Négatives sur la situation actuelle des relations entre les gens en France, les personnes<br />

rencontrées se montrent également pessimistes sur l’avenir de ces relations.<br />

On n’imagine pas à court ou moyen termes de possibilités d’amélioration de la situation<br />

: les tendances individualistes et de manque de respect paraissent ne pas pouvoir<br />

s’inverser. C’est donc un avenir sombre que dessinent les interviewés comme le<br />

montrent d’ailleurs d’autres études que nous réalisons sur le moral des Français et<br />

leurs perspectives.<br />

Au mieux donc les personnes interrogées se figurent une stabilisation de la situation<br />

actuelle, au pire une exacerbation des tensions que viendraient cristalliser des événements<br />

dramatiques : attentat, révolte des cités, voire pour certains une guerre des<br />

religions moderne.<br />

Institut TNS-Sofrès<br />

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