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LA LUTTE CONTRE LE RACISME, L'ANTISÉMITISME ... - Le Monde

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Subir le renvoi aux origines<br />

Avant de se traduire en actes, les discriminations se construisent sur la stigmatisation<br />

des populations, à travers la circulation de stéréotypes et de préjugés. Ces stéréotypes<br />

et préjugés sont le plus souvent étudiés du point de vue des représentations de ceux<br />

qui les mobilisent, plus rarement du point de vue de ceux qui les subissent. Plusieurs<br />

questions traitent de cette dimension dans l’enquête Trajectoires et Origines et nous en<br />

avons retenu deux qui sont en lien avec la formation de l’expérience et du sentiment<br />

discriminatoires : la fréquence de questions concernant les origines au cours de la vie<br />

quotidienne 12 , et le fait de ne pas se considérer « vu comme Français » 13 .<br />

De façon prévisible, la population majoritaire est peu concernée par ces références aux<br />

origines, alors que les immigrés les vivent de façon relativement insistante (62 % « parfois<br />

» ou « souvent », tableau 3). En dépit de leur naissance en France métropolitaine,<br />

les descendants de deux parents immigrés vivent une situation assez proche (58 %).<br />

L’expérience semble s’atténuer pour les descendants de couples mixtes, mais cela est<br />

essentiellement dû à la forte présence parmi eux de descendants d’immigrés européens<br />

qui sont moins exposés au renvoi aux origines. En effet, la prise en compte des origines<br />

détaillées confirme que les écarts entre immigrés et descendants de même origine sont<br />

faibles, voire que les descendants témoignent d’une plus grande saillance de leur origine<br />

pour leurs interlocuteurs, et que la mixité des parents ne met pas à l’abri des questions<br />

sur l’origine. <strong>Le</strong>s originaires d’Afrique subsaharienne (immigrés et descendants<br />

confondus) sont les plus exposés (près de 80 % d’entre eux entendent souvent ou<br />

parfois parler de leurs origines) avec les originaires d’Asie du Sud-Est (autour des 2/3).<br />

L’évocation des origines se fait un peu moins insistante tout en restant relativement<br />

fréquente pour les originaires d’un DOM, du Maghreb et de Turquie (60 %). <strong>Le</strong>s origines<br />

des descendants d’immigrés d’Europe du Sud passent plus inaperçues et sont<br />

plus rarement évoquées.<br />

Ces rappels quotidiens d’altérité contribuent au sentiment d’être perçu comme un étranger.<br />

À l’affirmation « on me voit comme un Français », 58 % des immigrés répondent<br />

par la négative. Plus surprenant, la moitié de ceux qui sont devenus Français partagent<br />

ce sentiment. <strong>Le</strong>s descendants d’immigrés, bien que de nationalité française, sont<br />

encore 37 % à ne pas se sentir véritablement reconnus, perception bien différente<br />

pour les descendants de couples mixtes (11 %). <strong>Le</strong> rôle joué par la visibilité, au sens<br />

du phénotype, de l’apparence ou du nom et prénom semble décisif notamment pour<br />

les descendants d’immigrés. L’importance des écarts entre les descendants d’immigrés<br />

d’Europe du Sud et ceux d’immigrés d’Afrique sahélienne, du Maghreb ou de Turquie<br />

12. La question est : « Dans la vie quotidienne, à quelle fréquence vous demande-t-on vos origines ? »<br />

13. La question est : « On me voit comme un Français », avec des réponses variant de « tout à fait d’accord » à « pas<br />

du tout d’accord ».<br />

90 Perceptions du racisme, de l’antisémitisme et de la xénophobie

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