31.08.2013 Views

LA LUTTE CONTRE LE RACISME, L'ANTISÉMITISME ... - Le Monde

LA LUTTE CONTRE LE RACISME, L'ANTISÉMITISME ... - Le Monde

LA LUTTE CONTRE LE RACISME, L'ANTISÉMITISME ... - Le Monde

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Type 2 : un discours de justification protectrice<br />

Pour le second type de discours, les discriminations sont légitimées par le fait que tout<br />

le monde est un peu raciste. Comme certains comportements racistes, les discriminations<br />

sont perçues comme une réaction logique, « naturelle » à des préférences ou<br />

méfiances personnelles vis-à-vis de certains groupes.<br />

Lutter contre les discriminations c’est donc lutter contre des penchants naturels et donc<br />

un combat perdu d’avance. <strong>Le</strong>s discriminations ne sont donc pas conçues comme un<br />

enjeu majeur.<br />

De plus, ce n’est pas un enjeu collectif, mais individuel : chaque individu est responsable<br />

des discriminations, aussi bien celui qui les pratique, que celui qui les subit. <strong>Le</strong><br />

premier doit remettre en cause certains de ses préjugés et tâcher de s’en détacher, le<br />

second doit faire la preuve individuelle qu’il ne partage pas les caractéristiques négatives<br />

du groupe auquel il appartient, qu’il ne mérite pas d’être discriminé.<br />

Certaines discriminations sont en effet comprises voire approuvées. Exemple souvent<br />

cité, le fait que l’entrée en boîte de nuit soit refusée à certains groupes (jeunes des cités,<br />

« Arabe s» et « Noirs ») est ainsi légitimé par le constat que les principaux fauteurs de<br />

troubles dans les boîtes de nuit sont en effet des jeunes des cités. Ces discriminations<br />

ne sont donc pas perçues comme particulièrement choquantes par ces personnes qui<br />

se basent sur une expérience bien plus que sur des principes a priori.<br />

Dans la logique de ce discours, les mesures de lutte contre la discrimination présentées<br />

(et particulièrement les quotas, la discrimination positive ou le « testing ») ne reçoivent<br />

donc pas un accueil très favorable.<br />

Celles-ci peuvent être perçues soit :<br />

• comme de l’angélisme s’obstinant contre l’épreuve des faits. En effet, ceux-ci montrent<br />

que certains groupes ont des comportements à problèmes et on ne peut faire comme<br />

si cela n’existait pas.<br />

• Des mesures qui favorisent certaines populations et viennent renforcer le sentiment<br />

d’injustice : l’impression que l’État vient aider ces populations alors que c’est à ces<br />

populations de faire des efforts.<br />

Pour les tenants de ce discours, l’intégration est un levier central : les discriminations<br />

ou le racisme sont la preuve d’un manque d’intégration. En effet, une intégration réussie<br />

rendrait caduque la lutte contre les discriminations.<br />

« Quelqu’un de couleur différente a autant de raison d’avoir un emploi qu’un autre : s’il est intégré<br />

» (H, 56 ans, consultant informatique, Français d’origine française, Boulogne-Billancourt).<br />

« <strong>Le</strong>s discriminations moi j’en entends surtout parler dans les écoles, comme je dis on va dire<br />

que le professeur s’en est pris à tel enfant parce que c’est un étranger mais ce qu’on ne voit<br />

pas c’est que cet enfant justement a fait chier le prof à mort, voilà, parce qu’on prend plus<br />

en compte ce que l’enfant dit » (F, 47 ans, serveuse, Française d’origine française, Dijon).<br />

52 Perceptions du racisme, de l’antisémitisme et de la xénophobie

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!