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Psychologie de la manipulation et de la soumission

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196 PSYCHOLOGIE DE LA MANIPULATION ET DE LA SOUMISSION<br />

Pour Fointiat (2000), l’engagement expliquerait également l’efficacité <strong>de</strong><br />

c<strong>et</strong>te combinaison. Le Pied-dans-<strong>la</strong>-Bouche conduirait le suj<strong>et</strong> à accomplir<br />

un certain comportement, mais comme le refus <strong>de</strong> <strong>la</strong> première requête vient<br />

j<strong>et</strong>er le doute sur c<strong>et</strong> engagement, le suj<strong>et</strong> consent plus volontiers à <strong>la</strong><br />

secon<strong>de</strong> requête car celle-ci vient rendre sail<strong>la</strong>nt l’engagement initial activé<br />

par le Pied-dans-<strong>la</strong>-Bouche. Comme on le voit, c<strong>et</strong>te expérience confirme<br />

l’efficacité du Pied-dans-<strong>la</strong>-Bouche dans une autre culture <strong>et</strong> avec un autre<br />

mo<strong>de</strong> d’interaction. Toutefois l’hypothèse d’engagement renforcée par <strong>la</strong><br />

Porte-dans-le-Nez reste encore à démontrer ici car, en fait, on ne sait pas si<br />

c’est <strong>la</strong> combinaison <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux techniques qui augmente <strong>la</strong> <strong>soumission</strong> ou<br />

simplement l’utilisation d’une Porte-dans-le-Nez.<br />

Lorsqu’il s’agit d’une sollicitation à caractère commercial, on observe<br />

également un eff<strong>et</strong> positif du Pied-dans-<strong>la</strong>-Bouche. Ainsi, Dolinski, Nawrat<br />

<strong>et</strong> Rudak (2001) ont <strong>de</strong>mandé à une femme d’abor<strong>de</strong>r d’autres femmes dans<br />

<strong>la</strong> rue en leur proposant <strong>de</strong>s pastilles pour « dégager » <strong>la</strong> gorge. En condition<br />

<strong>de</strong> Pied-dans-<strong>la</strong>-Bouche, le compère <strong>de</strong>mandait au préa<strong>la</strong>ble au suj<strong>et</strong> comme<br />

il al<strong>la</strong>it aujourd’hui. S’il répondait positivement, le compère rajoutait qu’il<br />

était ravi <strong>de</strong> l’apprendre. S’il déc<strong>la</strong>rait aller mal, le compère disait qu’il était<br />

désolé d’apprendre que ce<strong>la</strong> n’al<strong>la</strong>it pas. En condition contrôle, c<strong>et</strong>te<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> sur l’état n’était pas faite. Les résultats montreront que 22 % <strong>de</strong>s<br />

suj<strong>et</strong>s ont accédé à <strong>la</strong> requête du compère contre 4 % en condition contrôle.<br />

Toutefois, contrairement à ce que Howard (1990) avait observé, Dolinski <strong>et</strong><br />

al. (2001) n’ont pas trouvé <strong>de</strong> différence <strong>de</strong> comportement chez les personnes<br />

déc<strong>la</strong>rant aller bien ou ne pas aller très bien. Il est à noter que l’expérience<br />

a été menée en Pologne. Or, Dolinski <strong>et</strong> al. (2001) considèrent que,<br />

dans ce pays, il n’est absolument pas contre-normatif d’exprimer une<br />

humeur négative <strong>et</strong> que ce<strong>la</strong> n’a pas pour autant <strong>la</strong> capacité à activer un état<br />

particulier chez <strong>la</strong> personne. Du coup, ce<strong>la</strong> n’affecte pas le comportement<br />

ultérieur du suj<strong>et</strong>.<br />

Pour Aune <strong>et</strong> Basil (1994), l’engagement à produire un comportement<br />

congruent avec l’état activé par <strong>la</strong> question du solliciteur ne serait pas le seul<br />

facteur à expliquer l’eff<strong>et</strong> du Pied-dans-<strong>la</strong>-Bouche. Pour ces auteurs, lorsque<br />

l’on <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à quelqu’un comment il va <strong>et</strong> lorsque c<strong>et</strong>te personne nous<br />

répond, on crée une re<strong>la</strong>tion d’intimité plus importante. Comme on montre<br />

qu’on s’intéresse à l’autre (en l’occurrence le suj<strong>et</strong>), par eff<strong>et</strong> <strong>de</strong> réciprocité,<br />

autrui sera conduit à nous donner quelque chose en r<strong>et</strong>our <strong>et</strong> donc à accepter<br />

<strong>la</strong> requête. Ces chercheurs répliqueront le paradigme du Pied-dans-<strong>la</strong>-<br />

Bouche avec une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> don au profit d’une association caritative. Ils<br />

montreront une efficacité <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te technique (26 % d’acceptation contre<br />

10 % en condition contrôle), ce qui renforce encore plus <strong>la</strong> robustesse <strong>et</strong> <strong>la</strong><br />

généralisation <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te technique. Toutefois, ces chercheurs montreront<br />

également que lorsque l’on renforce l’intimité entre solliciteur <strong>et</strong> suj<strong>et</strong> par le<br />

biais d’une même appartenance au groupe social (« Bonjour, tu es étudiant<br />

dans c<strong>et</strong>te université ? [Oui] Formidable moi aussi »), on obtient plus

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