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Psychologie de la manipulation et de la soumission

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264 PSYCHOLOGIE DE LA MANIPULATION ET DE LA SOUMISSION<br />

2.2.2 Type <strong>de</strong> regard <strong>et</strong> <strong>soumission</strong><br />

Jusqu’à présent, les recherches que nous avons présentées ont comparé<br />

l’eff<strong>et</strong> du regard comparativement à une situation où le suj<strong>et</strong> n’était pas ou<br />

peu regardé. Toutefois, toutes les situations sociales ne sont pas <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te<br />

nature <strong>et</strong>, lorsque l’interaction est plus longue, il est difficile <strong>de</strong> ne pas avoir<br />

<strong>de</strong> contact visuel, les yeux dans les yeux, avec un suj<strong>et</strong>, au risque <strong>de</strong> conduire<br />

ce <strong>de</strong>rnier à faire une inférence négative sur votre personne. Aussi, dans c<strong>et</strong>te<br />

perspective, d’autres recherches ont été conduites afin <strong>de</strong> voir si c’était bien<br />

le maintien d’un contact franc <strong>et</strong> direct avec autrui qui expliquait l’eff<strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

<strong>soumission</strong> obtenu. Il semble, comme nous allons le voir, que les résultats<br />

confirment ce<strong>la</strong>.<br />

Lindskold, Forte, Haake <strong>et</strong> Schmidt (1977) ont observé que c’est bien le<br />

regard direct qui produit l’ai<strong>de</strong>. Dans leur recherche, <strong>de</strong>s compères arborant<br />

le badge d’une association œuvrant en faveur <strong>de</strong>s personnes handicapées<br />

sollicitaient <strong>de</strong>s passants dans <strong>la</strong> rue avec une boîte <strong>de</strong> dons. En condition <strong>de</strong><br />

requête directe, les solliciteurs établissaient un contact visuel direct avec une<br />

personne <strong>et</strong> leur <strong>de</strong>mandaient <strong>de</strong> contribuer à l’œuvre. En condition <strong>de</strong><br />

requête impersonnelle, <strong>la</strong> sollicitation était <strong>la</strong>ncée à <strong>la</strong> cantona<strong>de</strong> avec un<br />

regard également à <strong>la</strong> cantona<strong>de</strong>. C<strong>et</strong>te recherche qui sera conduite sur plus<br />

<strong>de</strong> trois mille personnes atteste <strong>de</strong> l’importance <strong>de</strong> l’accroche visuelle. Lorsque<br />

les compères s’adressaient « visuellement » à <strong>la</strong> cantona<strong>de</strong>, à peine 3 %<br />

<strong>de</strong>s suj<strong>et</strong>s ont donné. Dans le même temps, lorsqu’un contact visuel était<br />

établi, 34 % <strong>de</strong>s personnes ont donné. Il semble donc que ce soit bien<br />

l’accroche du regard du suj<strong>et</strong> qui conduit le suj<strong>et</strong> à accepter <strong>la</strong> requête du<br />

solliciteur.<br />

Bien entendu, comme nous l’avons dit, lorsque l’interaction est plus<br />

personnelle, il est difficile d’éviter <strong>de</strong> regar<strong>de</strong>r autrui. On peut donc se<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r si le moindre contact visuel suffit ou alors si le maintien du regard<br />

est une condition nécessaire à l’obtention du comportement recherché chez<br />

le suj<strong>et</strong>. Guéguen <strong>et</strong> Jacob (2002) ont cherché à différencier ce<strong>la</strong> en testant<br />

l’impact du regard dans le cadre d’un nouveau type <strong>de</strong> requête. Un compère<br />

se faisait passer pour un étudiant <strong>et</strong> <strong>de</strong>mandait au suj<strong>et</strong> s’il accepterait <strong>de</strong><br />

répondre à un questionnaire <strong>de</strong> mark<strong>et</strong>ing dans le cadre d’un exercice lié à sa<br />

formation. Selon le cas, en formu<strong>la</strong>nt c<strong>et</strong>te requête, le compère regardait le<br />

suj<strong>et</strong> dans les yeux ou avait un regard fuyant (dès que ses yeux rencontraient<br />

ceux du suj<strong>et</strong>, il regardait ailleurs). Les résultats montreront que 66 % <strong>de</strong>s<br />

suj<strong>et</strong>s ont consenti à <strong>la</strong> requête lorsque le compère regardait le suj<strong>et</strong> dans les<br />

yeux contre 34 % en condition <strong>de</strong> regard fuyant. Il semble donc que c’est<br />

bien un regard soutenu qui prédispose à l’ai<strong>de</strong>.

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