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Psychologie de la manipulation et de la soumission

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LA SOUMISSION PAR INDUCTION SÉMANTIQUE ET NON VERBALE 241<br />

© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.<br />

(bibliothèque) ou d’une personne (un employé du bureau <strong>de</strong> prêt) <strong>et</strong> ne<br />

prenait pas en compte l’eff<strong>et</strong> du toucher sur l’acceptation d’une requête.<br />

Silverthorne, Norren <strong>et</strong> Rota (1972) ont également procédé à une mesure <strong>de</strong><br />

c<strong>et</strong>te conscience du contact tactile <strong>et</strong> montré que 12 % <strong>de</strong>s suj<strong>et</strong>s étaient<br />

conscients que l’expérimentateur les avait touché à l’épaule pendant qu’ils<br />

accomplissaient une tâche. Toutefois, dans c<strong>et</strong>te expérience, le contact durait<br />

trois secon<strong>de</strong>s contre une secon<strong>de</strong> chez Fisher, Rytting <strong>et</strong> Heslin (1976),<br />

tandis que <strong>la</strong> variable dépendante mesurait <strong>la</strong> perception du caractère esthétique<br />

d’une forme. À notre connaissance, il n’existe pas <strong>de</strong> recherche sur<br />

l’eff<strong>et</strong> <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te conscience du toucher sur <strong>la</strong> <strong>soumission</strong> à une requête.<br />

Patterson, Powell <strong>et</strong> Lenihan (1986) ont montré que lorsqu’un suj<strong>et</strong> était<br />

touché pendant une secon<strong>de</strong> sur l’épaule par un expérimentateur qui lui<br />

<strong>de</strong>mandait <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong>r à évaluer <strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong> questionnaires, seuls 3 %<br />

d’entre eux se souvenaient <strong>de</strong> ce contact. Toutefois, en raison du faible<br />

nombre <strong>de</strong> suj<strong>et</strong>s que ces 3 % représentaient (<strong>de</strong>ux suj<strong>et</strong>s en tout), il n’a pas<br />

été possible <strong>de</strong> faire <strong>de</strong> différenciation <strong>de</strong> groupes <strong>et</strong> donc d’apprécier l’eff<strong>et</strong><br />

<strong>de</strong> c<strong>et</strong>te conscience. À ce sta<strong>de</strong>, on ne sait donc pas si <strong>la</strong> conscience versus<br />

non-conscience du toucher a un impact sur le comportement <strong>de</strong> <strong>soumission</strong><br />

du suj<strong>et</strong>.<br />

Aussi une recherche plus exhaustive a été conduite récemment. Guéguen<br />

(sous presse c) a <strong>de</strong>mandé à <strong>de</strong>s jeunes femmes compères <strong>de</strong> solliciter <strong>de</strong>s<br />

femmes dans <strong>la</strong> rue afin <strong>de</strong> répondre à un questionnaire d’évaluation portant<br />

sur un bracel<strong>et</strong> qu’on leur présentait. Ici, en formu<strong>la</strong>nt sa requête, le compère<br />

touchait ou ne touchait pas le suj<strong>et</strong>. Dès que le suj<strong>et</strong> avait fini <strong>de</strong> répondre, le<br />

compère reprenait l’obj<strong>et</strong> <strong>et</strong> remerciait alors le suj<strong>et</strong> d’avoir répondu <strong>et</strong> il lui<br />

<strong>de</strong>mandait <strong>de</strong> répondre à une <strong>de</strong>rnière question n’ayant rien à voir avec le<br />

thème du questionnaire. La question était <strong>la</strong> suivante : « Lorsque je vous ai<br />

abordé pour vous <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r <strong>de</strong> répondre au questionnaire, je vous ai touché<br />

l’avant-bras une à <strong>de</strong>ux secon<strong>de</strong>s. L’avez-vous remarqué ? ». C<strong>et</strong>te question<br />

était également posée aux suj<strong>et</strong>s <strong>de</strong> <strong>la</strong> condition contrôle. Le compère notait<br />

alors <strong>la</strong> réponse du suj<strong>et</strong>. Parmi les personnes qui refusaient <strong>de</strong> répondre au<br />

questionnaire en condition <strong>de</strong> toucher, le compère insistait pour que <strong>la</strong><br />

personne accepte <strong>de</strong> répondre à une seule question ayant trait à son comportement.<br />

La question était alors posée <strong>de</strong> <strong>la</strong> même manière que précé<strong>de</strong>mment.<br />

En condition <strong>de</strong> toucher, on observera que 67 % <strong>de</strong>s personnes ont<br />

consenti à répondre au questionnaire contre 43 % en condition <strong>de</strong> nontoucher<br />

ce qui confirme, encore une fois, l’eff<strong>et</strong> positif du toucher sur<br />

l’acceptation d’une requête. Parmi les cent cinquante-cinq personnes en<br />

condition <strong>de</strong> toucher, on observe que 28 % déc<strong>la</strong>rent se souvenir d’un tel<br />

contact. Un tel taux a donc permis <strong>de</strong> décomposer les taux d’acceptation <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> requête afin <strong>de</strong> pouvoir faire <strong>de</strong>s comparaisons entre les individus conscients<br />

<strong>et</strong> les individus non conscients du contact tactile. Ces différents taux<br />

sont présentés dans le tableau 3.19 ci-après.

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