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Psychologie de la manipulation et de la soumission

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LA SOUMISSION PAR INDUCTION SÉMANTIQUE ET NON VERBALE 203<br />

© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.<br />

l’absence <strong>de</strong> pressions externes, il est imputé à <strong>de</strong>s dispositions internes (par<br />

exemple, « Si j’ai fait ce<strong>la</strong> sans y être obligé, sans être payé pour, <strong>et</strong>c., c’est<br />

parce que je suis le type <strong>de</strong> personne à faire ce<strong>la</strong> par conviction »). Une fois<br />

c<strong>et</strong>te auto-attribution produite, on accroît <strong>la</strong> probabilité <strong>de</strong> <strong>la</strong> production <strong>de</strong><br />

comportements consistants avec c<strong>et</strong>te attribution. On a vu l’importance <strong>de</strong> ce<br />

processus comme cause explicative du Pied-dans-<strong>la</strong>-Porte.<br />

Toutefois, pour certains auteurs, on peut aboutir au même résultat avec<br />

une imputation externe par le biais du marquage social, c’est-à-dire une<br />

information sur <strong>la</strong> qualité <strong>de</strong> <strong>la</strong> personne. Pour Miller, Brickman <strong>et</strong> Bolen<br />

(1975), il semble que les informations que le suj<strong>et</strong> recueille à propos <strong>de</strong> sa<br />

personne affectent <strong>la</strong> perception qu’il se fait <strong>de</strong> lui-même. Un tel eff<strong>et</strong><br />

d’auto-attribution peut être obtenu <strong>de</strong> multiples façons. Une <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s<br />

consiste à faire passer un test psychologique à un suj<strong>et</strong>, qui conduit à le<br />

<strong>la</strong>belliser, afin <strong>de</strong> voir l’eff<strong>et</strong> sur son comportement ultérieur. Une recherche<br />

<strong>de</strong> Strenta <strong>et</strong> Dejong (1981) a confirmé ce<strong>la</strong> alors même que le <strong>la</strong>bel était<br />

attribué par un ordinateur. Ces chercheurs ont utilisé le fal<strong>la</strong>cieux prétexte<br />

d’une participation à une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> psychologie pour faire attribuer un trait<br />

par une machine à <strong>de</strong>s étudiants. Un expérimentateur expliquait au suj<strong>et</strong><br />

qu’il al<strong>la</strong>it répondre à un questionnaire qui portait sur différentes caractéristiques<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> personnalité <strong>et</strong> que celui-ci avait déjà été rempli par plusieurs<br />

centaines d’étudiants. Après c<strong>et</strong>te explication, le suj<strong>et</strong> était <strong>la</strong>issé seul dans<br />

une salle face à l’ordinateur. Il répondait ensuite à un long questionnaire sur<br />

ordinateur <strong>et</strong>, à <strong>la</strong> fin, une sonnerie se manifestait. Une présentation <strong>de</strong> matrices<br />

<strong>de</strong> valeurs était affichée par l’ordinateur <strong>et</strong> le programme fournissait un<br />

diagnostic <strong>de</strong>s « réponses » du suj<strong>et</strong>. C<strong>et</strong>te phase perm<strong>et</strong>tait d’induire le<br />

marquage. Selon les groupes, le diagnostic stipu<strong>la</strong>it au suj<strong>et</strong> qu’il était plus<br />

généreux que <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s autres étudiants (marquage pro-social), plus<br />

intelligent (marquage <strong>de</strong> compétence) tandis que dans le groupe contrôle,<br />

aucun feed-back n’était donné aux suj<strong>et</strong>s. Le programme informait ensuite le<br />

suj<strong>et</strong> qu’il <strong>de</strong>vait r<strong>et</strong>ourner dans une autre salle pour <strong>la</strong> poursuite <strong>de</strong> l’expérience.<br />

Dans le couloir, un compère, les bras chargés <strong>de</strong> livres <strong>et</strong> <strong>de</strong> cartes<br />

d’ordinateur, faisait tomber « malencontreusement » <strong>de</strong>s fiches cartonnées<br />

alors qu’il croisait le suj<strong>et</strong>. On évaluait alors le comportement du suj<strong>et</strong>. Les<br />

résultats sont présentés dans le tableau 3.8 ci-après <strong>et</strong> ont porté sur le taux<br />

d’ai<strong>de</strong> mais aussi sur le zèle manifesté par le suj<strong>et</strong>.<br />

Comme on peut le voir, alors que l’étiqu<strong>et</strong>te « intelligent » ne conduit pas<br />

à <strong>de</strong>s différences <strong>de</strong> comportement comparativement à l’absence d’étiqu<strong>et</strong>te,<br />

il n’en va pas <strong>de</strong> même avec l’étiqu<strong>et</strong>te « généreux » qui conduit le suj<strong>et</strong> à<br />

ai<strong>de</strong>r plus favorablement le compère <strong>et</strong> surtout à l’ai<strong>de</strong>r plus rapi<strong>de</strong>ment <strong>et</strong> à<br />

manifester plus <strong>de</strong> zèle pour ai<strong>de</strong>r le compère. Ces résultats sont intéressants<br />

car l’absence d’eff<strong>et</strong> <strong>de</strong> l’étiqu<strong>et</strong>te « intelligent », semble prouver que l’eff<strong>et</strong><br />

n’est pas imputable qu’à une activation d’une humeur positive. Être traité <strong>de</strong><br />

quelqu’un <strong>de</strong> plus intelligent que <strong>la</strong> moyenne pourrait nous m<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> bonne<br />

humeur <strong>et</strong> nous conduire à plus ai<strong>de</strong>r autrui. Or, on n’obtient pas c<strong>et</strong> eff<strong>et</strong> <strong>et</strong>

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