10.08.2016 Views

Psychologie de la manipulation et de la soumission

Psychologie de la manipulation et de la soumission

Psychologie de la manipulation et de la soumission

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

LA SOUMISSION PAR INDUCTION SÉMANTIQUE ET NON VERBALE 223<br />

résultats montreront que 65 % <strong>de</strong>s suj<strong>et</strong>s touchés ont consenti à <strong>la</strong> requête<br />

contre 46 % en condition contrôle. De <strong>la</strong> même manière, Guéguen <strong>et</strong><br />

Fischer-Lokou (2002) ont montré que le toucher conduisait plus favorablement<br />

<strong>de</strong>s personnes à accepter <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r le chien d’un inconnu qui prétendait<br />

<strong>de</strong>voir aller dans une pharmacie située à quelques mètres <strong>de</strong> là. Comme les<br />

chiens étaient interdits, ce<strong>la</strong> justifiait sa requête. Pourtant, alors que le chien<br />

était re<strong>la</strong>tivement massif (près <strong>de</strong> 50 kg) <strong>et</strong> particulièrement remuant, les<br />

personnes touchées ont été 55 % à accepter contre 35 % en condition<br />

contrôle.<br />

© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.<br />

■<br />

… <strong>et</strong> sur <strong>de</strong>s requêtes implicites<br />

Nous avons vu à plusieurs reprises dans c<strong>et</strong> ouvrage qu’il n’est pas nécessaire<br />

<strong>de</strong> formuler explicitement une requête pour obtenir un comportement<br />

d’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> part d’une personne. Spontanément, le suj<strong>et</strong> peut produire un tel<br />

comportement. Or, <strong>la</strong> recherche sur le toucher n’a pas, dans ses investigations,<br />

échappé à c<strong>et</strong>te règle consistant à évaluer l’influence que ce facteur<br />

peut avoir sur l’ai<strong>de</strong> implicite. Ainsi, Paulsell <strong>et</strong> Goldman (1984) abordaient<br />

<strong>de</strong>s hommes <strong>et</strong> <strong>de</strong>s femmes dans <strong>la</strong> rue en se présentant comme membres<br />

d’un comité littéraire quelconque. Ils <strong>de</strong>mandaient au suj<strong>et</strong> s’il accepterait <strong>de</strong><br />

répondre à quatre questions. En cas d’acceptation (1.8 % <strong>de</strong> refus), le questionnaire<br />

était administré en face-à-face. Puis, l’enquêteur remerciait le suj<strong>et</strong>.<br />

Selon le cas, en adressant ses remerciements, il touchait ou ne touchait pas le<br />

bras du suj<strong>et</strong>. Immédiatement après, en se r<strong>et</strong>ournant, l’enquêteur faisait<br />

tomber « acci<strong>de</strong>ntellement » <strong>de</strong>s questionnaires par terre. On mesurait alors<br />

si le suj<strong>et</strong> apportait spontanément son ai<strong>de</strong>. Les résultats montreront que<br />

45 % <strong>de</strong>s suj<strong>et</strong>s ont apporté leur ai<strong>de</strong> en condition <strong>de</strong> toucher préa<strong>la</strong>ble<br />

contre 28 % en condition contrôle.<br />

Outre l’eff<strong>et</strong> positif du toucher sur l’ai<strong>de</strong> spontanée à autrui, certaines<br />

recherches ont mis en évi<strong>de</strong>nce qu’un tel contact conduit les suj<strong>et</strong>s à persévérer<br />

plus longuement dans une tâche difficile consistant à répondre à un<br />

questionnaire long <strong>et</strong> portant sur <strong>de</strong>s suj<strong>et</strong>s très intimes. Ainsi, en soum<strong>et</strong>tant<br />

à <strong>de</strong>s étudiants un questionnaire <strong>de</strong> 150 questions délibérément provocantes<br />

ou susceptibles <strong>de</strong> susciter <strong>de</strong>s émotions particulières, <strong>de</strong>s controverses ou<br />

<strong>de</strong>s atteintes à l’estime <strong>de</strong> soi (homosexualité, peine capitale, euthanasie,<br />

discrimination raciale, frau<strong>de</strong> fiscale, <strong>et</strong>c.), Nannberg <strong>et</strong> Hansen (1994) ont<br />

montré que, en moyenne, les suj<strong>et</strong>s touchés ont répondu à 96.5 questions<br />

contre 76.8 en condition contrôle. En outre, 40 % <strong>de</strong>s suj<strong>et</strong>s touchés ont été<br />

jusqu’au bout (ils ont répondu aux cent cinquante questions) contre 19 % en<br />

condition contrôle. Bien entendu ici, le toucher n’était pas utilisé pour<br />

augmenter le taux d’acceptation <strong>de</strong> <strong>la</strong> requête puisque <strong>la</strong> manipu<strong>la</strong>tion expérimentale<br />

n’avait lieu qu’auprès <strong>de</strong>s suj<strong>et</strong>s ayant initialement accepté <strong>de</strong><br />

répondre à ce questionnaire : dans le groupe expérimental, le toucher<br />

(contact fugitif sur le bras) avait lieu alors que le questionnaire leur était<br />

remis.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!