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Psychologie de la manipulation et de la soumission

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266 PSYCHOLOGIE DE LA MANIPULATION ET DE LA SOUMISSION<br />

Interviewer<br />

Entr<strong>et</strong>ien<br />

Regard 6.05 5.80<br />

Pas <strong>de</strong> regard 4.80 5.04<br />

Tableau 3.22<br />

Moyennes <strong>de</strong>s évaluations <strong>de</strong> l’interviewer <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’entr<strong>et</strong>ien<br />

(scores supérieurs = évaluation plus positive)<br />

Dans les <strong>de</strong>ux cas, une évaluation plus positive est observée lorsque <strong>la</strong><br />

fréquence <strong>de</strong>s regards a été <strong>la</strong> plus importante. On remarquera, en outre, une<br />

forte corré<strong>la</strong>tion (r = .71) entre les <strong>de</strong>ux mesures. On voit donc que le regard<br />

conduit à juger plus positivement <strong>la</strong> personne <strong>et</strong> le contexte. Ce<strong>la</strong> constitue<br />

donc une double dimension favorable à l’acceptation d’une requête ou à <strong>la</strong><br />

production d’un comportement d’ai<strong>de</strong>. C<strong>et</strong> eff<strong>et</strong> du regard sur le jugement a<br />

été répliqué à <strong>de</strong> nombreuses reprises (Kleinke <strong>et</strong> Taylor, 1991 ; Knackstedt<br />

<strong>et</strong> Kleinke, 1991) <strong>et</strong> offre toujours le même pattern <strong>de</strong> résultats : plus <strong>la</strong><br />

personne vous regar<strong>de</strong> dans les yeux <strong>et</strong> plus elle est évaluée positivement.<br />

Le même eff<strong>et</strong> est observé dans une re<strong>la</strong>tion thérapeutique. Kelly (1978) a<br />

montré qu’un psychologue qui regar<strong>de</strong> très fréquemment ses patients en<br />

entr<strong>et</strong>ien est évalué plus positivement. Or, Jourard <strong>et</strong> Friedman (1970) ont<br />

montré que le regard incitait plus favorablement le suj<strong>et</strong> à faire ce que<br />

souhaitait son thérapeute. Kleinke, Staneski <strong>et</strong> Berger (1975) ont montré que<br />

<strong>la</strong> durée moyenne du temps <strong>de</strong> parole spontanée du suj<strong>et</strong> augmentait lorsque<br />

le regard du vis-à-vis était constant plutôt qu’intermittent ou absent. Pourtant,<br />

ici, le suj<strong>et</strong> se trouvait en situation non problématique puisqu’il s’agissait<br />

d’un banal entr<strong>et</strong>ien d’enquête sur les loisirs.<br />

Même dans les situations où le suj<strong>et</strong> n’est pas en interaction avec celui qui<br />

le regar<strong>de</strong>, on observe les mêmes eff<strong>et</strong>s sur l’évaluation. Ainsi, Brooks,<br />

Church <strong>et</strong> Fraser (1986) ont réalisé une expérimentation dans <strong>la</strong>quelle <strong>de</strong>s<br />

étudiants étaient invités à regar<strong>de</strong>r une vidéo présentant une situation où un<br />

suj<strong>et</strong> participant à une expérience se voyait interviewé par un expérimentateur<br />

qui lui expliquait quelque chose. La vidéo ne comportait pas <strong>de</strong> ban<strong>de</strong><br />

son <strong>et</strong> on disait au suj<strong>et</strong> que l’objectif était <strong>de</strong> voir comment il se formait une<br />

impression sur autrui rien qu’en observant son comportement. C<strong>et</strong>te consigne<br />

était là pour focaliser le suj<strong>et</strong> sur le comportement non verbal <strong>de</strong> <strong>la</strong> cible<br />

(le suj<strong>et</strong> <strong>de</strong> l’expérience <strong>de</strong> <strong>la</strong> séquence vidéo). La séquence qui durait une<br />

minute était filmée <strong>de</strong> manière à ce que l’on puisse voir où <strong>la</strong> cible regardait.<br />

Selon les groupes, on pouvait voir que pendant 5, 30 ou 50 secon<strong>de</strong>s sur les<br />

60 secon<strong>de</strong>s d’interaction, <strong>la</strong> cible regardait l’interviewé. Dans les autres cas,<br />

elle regardait ailleurs. On <strong>de</strong>mandait ensuite au suj<strong>et</strong> d’évaluer <strong>la</strong> cible à<br />

l’ai<strong>de</strong> d’échelles composées <strong>de</strong> paires d’adjectifs (sociable/asocial,

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