10.08.2016 Views

Psychologie de la manipulation et de la soumission

Psychologie de la manipulation et de la soumission

Psychologie de la manipulation et de la soumission

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

250 PSYCHOLOGIE DE LA MANIPULATION ET DE LA SOUMISSION<br />

Pour Weiner (1980), le processus par lequel un individu apporte son ai<strong>de</strong> à<br />

autrui est purement attributionnel <strong>et</strong> est fondé sur <strong>la</strong> perception du besoin<br />

d’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier. Il est donc vraisemb<strong>la</strong>ble que le toucher « besoin » ait<br />

assuré c<strong>et</strong>te inférence.<br />

C<strong>et</strong> eff<strong>et</strong> positif du renforcement du besoin apparaît comme une explication<br />

théorique intéressante, mais, comme les précé<strong>de</strong>ntes, elle ne peut tout<br />

expliquer. On voit mal en eff<strong>et</strong> pourquoi on obtient un eff<strong>et</strong> du toucher alors<br />

que celui qui a touché le suj<strong>et</strong> n’est pas celui qui sollicite le suj<strong>et</strong> (Goldman,<br />

Kiyohara <strong>et</strong> Pfannensteil, 1985). On a également du mal à comprendre pourquoi<br />

le toucher fonctionne dans <strong>de</strong>s situations où <strong>la</strong> requête n’est pas une<br />

requête d’ai<strong>de</strong> (sollicitation d’étudiants pour venir au tableau, comportement<br />

du consommateur, <strong>et</strong>c.).<br />

■<br />

Le toucher : un comportement non verbal renforçant <strong>la</strong> position statutaire<br />

Lorsque l’on touche autrui, ce<strong>la</strong> renforcerait notre dominance <strong>et</strong> notre statut,<br />

ce qui, du coup, conduirait à accroître <strong>la</strong> <strong>soumission</strong> à nos sollicitations.<br />

C<strong>et</strong>te théorie est <strong>la</strong> plus récente en matière d’explication ou <strong>de</strong> tentative<br />

d’explication <strong>de</strong> l’eff<strong>et</strong> du toucher (Guéguen, 2001a). Elle stipule que l’efficacité<br />

du toucher pourrait provenir d’un eff<strong>et</strong> attributif conduisant le<br />

« toucheur » à voir sa position statutaire augmenter lorsqu’il adopte ce<br />

comportement. Une fois c<strong>et</strong>te perception activée, ce<strong>la</strong> conduirait à accroître<br />

son pouvoir d’influence <strong>et</strong> donc à augmenter le taux <strong>de</strong> <strong>soumission</strong> aux<br />

requêtes qu’il soum<strong>et</strong>trait à sa cible. Bien entendu, on se rend compte que<br />

c<strong>et</strong>te théorie ne peut expliquer tous les résultats <strong>de</strong>s expériences précitées.<br />

Toutefois, c<strong>et</strong>te hypothèse présente l’avantage d’avoir été testée expérimentalement<br />

<strong>et</strong> d’offrir un pattern <strong>de</strong> résultats qui va dans le sens <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te hypothèse.<br />

On verra que c<strong>et</strong>te hypothèse <strong>de</strong> <strong>la</strong> différentiation statutaire a <strong>de</strong>s<br />

limites, ce qui <strong>la</strong>isse à penser que différents facteurs peuvent être activés par<br />

le toucher <strong>et</strong> que ceux-ci sont à tester <strong>de</strong> manière indépendante puis <strong>de</strong><br />

manière croisée pour tenter <strong>de</strong> donner un modèle théorique susceptible<br />

d’expliquer c<strong>et</strong>te efficacité du toucher sur <strong>la</strong> <strong>soumission</strong>.<br />

■<br />

Le toucher comme indicateur implicite <strong>de</strong>s différences statutaires<br />

Les travaux les plus importants qui relient le toucher <strong>et</strong> le statut sont ceux qui<br />

ont étudié le lien entre <strong>la</strong> différence <strong>de</strong> statut social <strong>et</strong> l’initiation du toucher<br />

entre personnes (Hall, 1996). On observe en eff<strong>et</strong>, dans <strong>de</strong>s situations <strong>de</strong><br />

face-à-face, que le toucher est souvent initié par <strong>de</strong>s personnes <strong>de</strong> haut statut<br />

envers <strong>de</strong>s personnes <strong>de</strong> plus bas statut. Henley (1973) se servira <strong>de</strong>s observations<br />

entre dya<strong>de</strong>s <strong>de</strong> sexes, races, statuts professionnels, âges, <strong>et</strong>c., opposés<br />

pour montrer que le toucher serait plus volontiers initié par les dominants<br />

envers les dominés. Elle observera en eff<strong>et</strong> – <strong>et</strong> d’autres chercheurs après elle<br />

(Hall <strong>et</strong> Veccia, 1990 ; Willis <strong>et</strong> Dodds, 1998) – que le toucher est plus<br />

volontiers initié par les hommes (considérés comme dominants) à l’endroit

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!