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Psychologie de la manipulation et de la soumission

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20 PSYCHOLOGIE DE LA MANIPULATION ET DE LA SOUMISSION<br />

100<br />

Taux d’obéissance (en %)<br />

90<br />

80<br />

70<br />

60<br />

50<br />

40<br />

30<br />

20<br />

10<br />

0<br />

Hommes<br />

Femmes<br />

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30<br />

Intensité graduelle <strong>de</strong>s chocs<br />

Figure 1.3<br />

Courbes d’obéissance <strong>de</strong>s hommes <strong>et</strong> <strong>de</strong>s femmes<br />

Comme on peut le voir, le comportement <strong>de</strong>s hommes <strong>et</strong> <strong>de</strong>s femmes est<br />

strictement i<strong>de</strong>ntique. Les premières désobéissances interviennent aux alentours<br />

du dizième curseur (150 volts) à partir du moment où on entend <strong>la</strong><br />

victime crier. Lorsqu’elle ne se manifeste plus au vingt-quatrième curseur<br />

(360 volts), <strong>la</strong> courbe <strong>de</strong>vient invariante. Il n’y a donc pas <strong>de</strong> différence entre<br />

les hommes <strong>et</strong> les femmes. Pourtant, Milgram s’attendait à plus <strong>de</strong> <strong>soumission</strong><br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> part <strong>de</strong>s femmes en raison <strong>de</strong> leur appartenance aux groupes <strong>de</strong>s<br />

dominés. Il est à noter que c<strong>et</strong>te absence <strong>de</strong> différence dans les taux d’obéissance<br />

<strong>de</strong>s hommes <strong>et</strong> <strong>de</strong>s femmes a été observée plusieurs fois (Costanzo,<br />

1976 ; Shanab <strong>et</strong> Yahya, 1978 ; Schurz, 1985). Néanmoins, c<strong>et</strong> eff<strong>et</strong> du genre<br />

sur l’obéissance est inconstant puisque certaines recherches ont montré que<br />

les femmes obéissaient plus à l’expérimentateur. Ainsi, Sheridan <strong>et</strong> King<br />

(1972) ont mis en évi<strong>de</strong>nce, dans une situation plus « réaliste » où <strong>la</strong> victime<br />

<strong>de</strong>s chocs électriques n’était pas un être humain mais un chiot auquel on<br />

administrait <strong>de</strong> réelles décharges électriques afin <strong>de</strong> le conduire à discriminer<br />

<strong>de</strong>ux lumières <strong>de</strong> couleurs différentes, que 100 % <strong>de</strong>s femmes ont obéi<br />

jusqu’au bout (450 volts) contre 54.0 % chez les hommes. Les femmes<br />

obéissent plus dans c<strong>et</strong>te expérience mais soyons pru<strong>de</strong>nts dans <strong>la</strong> généralisation.<br />

D’autres recherches ont montré l’eff<strong>et</strong> inverse. Ainsi, Kilham <strong>et</strong><br />

Mann (1974) ont montré, dans le cadre d’une réplication stricte du paradigme<br />

<strong>de</strong> Milgram, que 68 % <strong>de</strong>s hommes se sont conformés totalement aux<br />

consignes <strong>de</strong> l’autorité contre 40 % chez les femmes. Hormis ces quelques<br />

inconsistances, on n’observe pas <strong>de</strong> différence dans le taux d’obéissance<br />

entre les hommes <strong>et</strong> les femmes. Il semble toutefois que <strong>de</strong>s variables culturelles<br />

(l’expérience <strong>de</strong> Kilham <strong>et</strong> Mann a été réalisée en Australie) ou <strong>de</strong>s<br />

variantes dans <strong>la</strong> méthodologie (l’expérience <strong>de</strong> Sheridan <strong>et</strong> King a été<br />

conduite avec un autre type <strong>de</strong> victime) peuvent induire <strong>de</strong>s eff<strong>et</strong>s contrastés<br />

entre les hommes <strong>et</strong> les femmes.

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