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O TEMPO NA DIREÇÃO DO TRATAMENTO

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qui, par conséquent, le conduit à un deuil<br />

impossible.<br />

Si le maniement du temps dans la<br />

clinique de la psychose implique un<br />

savoir-faire avec le semblant du temps, la<br />

réponse analytique sera différente dans<br />

les cas de névrose. Le temps qui passe,<br />

pour le dire de façon spontanée, ne<br />

favorise rien ; face à la division<br />

subjective, la réponse analytique diffère<br />

de la réponse psychothérapeutique. «<br />

Prenez un temps de réflexion » est le<br />

moyen de donner du temps en<br />

psychothérapie. Et la formule courante «<br />

le temps fait bien les choses » convient<br />

dans de nombreuses circonstances de la<br />

vie, à l’exception de la névrose. Si,<br />

aujourd’hui, la formule de Freud « une<br />

femme est inanalysable après 30 ans »<br />

paraît anachronique, ce qui reste en<br />

vigueur, c’est que la névrose, sans<br />

analyse, s’aggrave avec le temps.<br />

La hâte et l’objet<br />

L’analyse introduit le temps autrement<br />

que dans un « prendre le temps de réfléchir<br />

». C’est ce qui justifie la référence à<br />

la hâte, la spécificité de cette dernière<br />

étant basée sur son lien avec le<br />

symbolique qu’elle transcende<br />

néanmoins. Autrement dit, bien que le<br />

symbolique conditionne la hâte, ce n’est<br />

pas ce qui la cause. La cause de la hâte<br />

est l’objet a qui nous renvoie à la fois à<br />

l’angoisse et au discours analytique.<br />

Si j’utilise la distinction entre la hâte et<br />

l’urgence, c’est pour indiquer que ce qui<br />

rend possible la logique de la hâte c’est<br />

que l’analyste puisse octroyer le temps<br />

qu’il faut. En effet, il y a un temps nécessaire<br />

à la cure et cela est déjà indiqué<br />

chez Freud, dans son texte sur la<br />

question de l’analyse profane et la<br />

formidable définition de l’analyse qu’il y<br />

avance : une « magie lente ».<br />

Par définition, la magie se sert du semblant<br />

de la surprise et sa temporalité est<br />

celle de l’instant. C’est la raison pour laquelle<br />

le public demande qu’on répète le<br />

numéro mais, cette fois, plus lentement<br />

afin de comprendre le point de rupture<br />

avec l’illusion.<br />

On notera bien que Lacan se réfère à<br />

cette opposition lorsqu’il évoque la distinction<br />

entre les semblants de la magie<br />

et ceux du discours analytique. L’analyse<br />

exige du temps pour comprendre la<br />

scène qui a échappé, celle à laquelle<br />

l’inconscient a répondu en produisant<br />

l’embrouille. Un temps est nécessaire<br />

également pour le déploiement de la<br />

chaîne inconsciente ; mais le temps qu’il<br />

faut est par essence celui qui introduit le<br />

sujet dans la fonction de la hâte propre à<br />

la cause de son désir.<br />

C’est ce qui justifie que nous parlions<br />

de l’analyse comme d’une hâte lente où<br />

l’analysant se fait à son être, ce qui ne<br />

veut pas dire uniquement qu’il s’habitue à<br />

être ce qu’il est, mais qu’il opère un<br />

changement sur l’être. Car l’incidence du<br />

réel sur le réel du sujet (je reviens ici à la<br />

formule « le réel touche au réel ») a la<br />

prétention d’introduire un nouveau réel.<br />

L’inconscient n’est pas simplement une<br />

opération de révélation de ce qui est déjà<br />

là, de mise en lumière des énigmes<br />

cachées du sujet. Au-delà du déchiffrage<br />

de ce que l’inconscient a chiffré, il s’agit<br />

d’écrire ce qui ne cesse pas de ne pas<br />

s’écrire.<br />

Logiquement, la question du temps<br />

dans la direction de la cure s’articule avec<br />

l’objet a, cause de désir et d’angoisse qui<br />

cible la rencontre avec un nouveau réel.<br />

Prenez la perspective du désir. Dans son<br />

essence, il est métonymique du manque à<br />

être. Et nous devons signaler que Lacan<br />

établit une distinction entre le désir<br />

inconscient et le désir centré sur le<br />

narcissisme qui peut être l’effet d’une<br />

analyse en réponse à l’éphémère de la vie.<br />

En ce sens, il y a un temps dans l’analyse<br />

pour produire un désir, un désir effet<br />

d’une énonciation singulière qui doit être<br />

distingué d’un désir centré sur le<br />

narcissisme. La temporalité de l’aprèscoup<br />

est essentielle car, comme effet<br />

d’élaboration, elle noue l’expérience<br />

passée et la connecte avec l’expérience à<br />

venir. Le désir forge un vecteur de<br />

direction là où le non-sens réduit le sujet<br />

à errer dans le temps. Plus le sujet accède<br />

à une position désirante, plus il s’éloigne<br />

du rapport au temps conçu comme la<br />

Heteridade 7<br />

Internacional dos Fóruns-Escola de Psicanálise dos Fóruns do Campo Lacaniano 17

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