O TEMPO NA DIREÃÃO DO TRATAMENTO
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e suis parti, pour cet exposé,<br />
J<br />
de l’hypothèse selon laquelle<br />
la question de la liberté a<br />
quelques rapports avec la<br />
question du temps, soit du<br />
temps du sujet de l’inconscient,<br />
soit du temps de la<br />
psychanalyse, et j’ai essayé<br />
de vérifier ces rapports. D’autant que, en<br />
nous interrogeant sur la façon dont le<br />
temps de la psychanalyse se situe dans ce<br />
que nous appelons notre temps, nous<br />
voyons combien celui-ci semble marqué<br />
par la référence à la liberté, au point que<br />
nous pourrions dire que, dans le discours<br />
courant, le temps c’est le temps de la<br />
liberté qui est la chose dont le temps<br />
serait le concept. Le temps, dans ce sens,<br />
serait toujours le temps de quelques<br />
formes de libération : soit négative, soit<br />
positive, selon deux versants de la liberté,<br />
le versant expérience et refus d’un<br />
manque et d’une limite, et le versant<br />
expérience d’un supplément.<br />
Concernant le versant négatif, il s’agit<br />
d’une recherche de libération d’un<br />
pouvoir exercé par un Autre supposé<br />
réel, dans n’importe quelle condition qui<br />
définisse, localise ou même identifie<br />
l’individu. C’est donc une libération<br />
d’avec ses liens. On rêve de se libérer pas<br />
seulement des autres – des autorités et<br />
des conjoints – mais aussi, bien sûr, de<br />
soi-même, que ce soit de son image, de<br />
son corps, de son sexe ou gender, de sa<br />
mortalité, de son identité – pouvant être<br />
représentée par deux figures, l’une<br />
diachronique : l’amnésie, l’autre synchronique<br />
: la clonation.<br />
Quant au versant positif c’est la réalisation<br />
d’une satisfaction, mais dont le<br />
modèle unique tout de même est<br />
aujourd’hui l’objet « monté au zénith<br />
social », le plus de jouir comme Colette<br />
Soler l’a bien expliqué dans ses textes.<br />
C’est l’objet qui se croit la méthode, la<br />
voie pour réaliser cette libération côté<br />
négatif.<br />
La liberté ou le temps<br />
Mario Binasco<br />
On peut même vouloir se libérer de la<br />
liberté, au nom de la liberté bien sûr,<br />
quand cette liberté manque de<br />
satisfaction ou s’oppose à la satisfaction.<br />
En fait, il est vrai que l’on peut vouloir se<br />
libérer de presque tout sauf d’une<br />
satisfaction digne de ce nom, parce que<br />
d’une certaine façon la satisfaction aussi<br />
est instant de réalisation de la liberté. La<br />
signification de la liberté est intrinsèque à<br />
la satisfaction, elle y est incluse et en est<br />
donc indissociable.<br />
On peut vouloir se libérer d’une<br />
jouissance, évidemment non pas de la<br />
jouissance attendue, mais de la répétition<br />
de cette attente, donc quand cette attente<br />
montre sa face réelle.<br />
Mario Binasco est co-responsable avec<br />
En effet de quoi veut-on se libérer<br />
sinon d’un réel ? On peut même vouloir<br />
se libérer d’un désir, sauf quand désirer<br />
c’est déjà vivre une satisfaction. Notons<br />
que soit le désir en tant que vecteur, soit<br />
la jouissance attendue, inclue une<br />
dimension temporelle, tout comme la<br />
liberté. Je rappelle en passant que<br />
l’attente est la dimension temporelle<br />
commune au désir et à l’angoisse.<br />
Je vais par la suite signaler d’autres<br />
notions auxquelles la signification de la<br />
liberté me semble intrinsèque. Mais<br />
restons encore un moment sur « notre<br />
temps ». Je souligne que la solidarité<br />
entre satisfaction et liberté est orientée<br />
parce que c’est la liberté qui est incluse<br />
dans la satisfaction et non pas le contraire.<br />
Or notre temps incite à obtenir la<br />
liberté par l’objet dans le but d’entraîner<br />
la satisfaction. La promotion de<br />
l’insatisfaction par l’usage du plus-dejouir<br />
dans notre époque, la promotion du<br />
manque à jouir, n’est-ce pas ce qui<br />
relance la quête de l’objet précisément<br />
comme signe de liberté, et au nom de la<br />
liberté ? On le voit soit par les objets qui<br />
deviennent, sur le marché général de la<br />
jouissance, même les-dits “droits de<br />
liberté” (ceux qui étaient autrefois<br />
personnels et indisponibles, donc<br />
Heteridade 7<br />
Internacional dos Fóruns-Escola de Psicanálise dos Fóruns do Campo Lacaniano 65