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O TEMPO NA DIREÇÃO DO TRATAMENTO

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Temps logique et temps arrêté, incidences<br />

cliniques<br />

Jean-Jacques Gorog<br />

e temps logique est celui<br />

L<br />

du signifiant dans sa<br />

dynamique propre,<br />

interprétable avec<br />

efficacité parce qu’il<br />

implique une conclusion<br />

possible. Mais il arrive<br />

que le temps s’arrête. Il<br />

manifeste alors sa présence. Comme le<br />

corps quand il est malade. Cet arrêt peut<br />

relever de structures cliniques variées et<br />

suppose des réponses adaptées. En<br />

réalité il impose de situer à sa place<br />

l’objet a lacanien.<br />

Lorsqu’on tente de faire la présentation<br />

d’un exposé, longtemps à l’avance, il se<br />

glisse une ambition, légitime sans doute<br />

mais fort difficile à satisfaire lorsqu’on se<br />

trouve au pied du mur. Qu’importe, c’est<br />

une façon certes risquée mais souvent<br />

efficace de se forcer à agir, à penser, et<br />

comme toujours avec un temps qui se<br />

compte à partir de sa limite, son moment<br />

de conclure.<br />

Lacan met l’accent, j’ai tenté de le faire<br />

déjà dans un texte qui a été écrit en<br />

préambule à ces journées, sur le<br />

franchissement opéré dans ce qu’il<br />

appelle le moment de conclure et qu’il<br />

théorisera avec l’acte dans le séminaire du<br />

même nom.<br />

Mon propos est ici de revenir sur les<br />

franchissements impossibles que pour<br />

l’occasion je traiterai en termes de temps,<br />

le temps arrêté.<br />

Dans son ouvrage, Le tempo de la pensée,<br />

Patrice Loraux considère que c’est un<br />

problème général de la philosophie :<br />

« Bref au seuil de l’épreuve de réalité, la<br />

pensée, prise d’une fatale inspiration,<br />

s’octroie un temps d’arrêt où elle juge<br />

devoir faire le point, en ce lieu critique<br />

où elle assume le risque de rester à jamais<br />

l’ombre d’une opération 127 . »<br />

127<br />

LORAUX, P. Le tempo de la pensée, Paris, Seuil,<br />

1993, p.24.<br />

On reconnaîtra dans cette thématique,<br />

et d’ailleurs citée dans ce texte, la<br />

procrastination bien connue de<br />

l’obsessionnel : pas étonnant puisqu’il<br />

fait symptôme de sa pensée. Cela dit,<br />

celui-ci peut espérer de la psychanalyse<br />

qu’elle parvienne à en réduire les effets.<br />

Mais il n’y aura pas lieu d’être surpris<br />

non plus qu’il évoque souvent dans un<br />

autre registre Wittgenstein, et critique<br />

« présupposition et tautologie » comme<br />

étant les deux formes de ce qui arrête la<br />

pensée, cette pensée qui « ignore le<br />

temps bousculé, le temps qui manque de<br />

temps ». Il ironise même : « Se mouvoir<br />

dans la présupposition et la tautologie<br />

passe pour l’indice qu’on pense 128 . »<br />

La phrase « Qu’on dise reste oublié<br />

derrière ce qui se dit dans ce qui s’entend<br />

129 », implique l’oubli de ce que<br />

Lacan appelle ici, dans « L’étourdit », le<br />

dire par opposition aux dits, notamment<br />

de l’inconscient. Autrement dit l’analyste<br />

peut bien relever les dits de l’inconscient<br />

de son analysant, il ne peut en restituer le<br />

dire, soit le temps où ça s’est dit. Pour<br />

une part, ceci recouvre le fait qu’il n’y a<br />

pas de point de vue extérieur qui<br />

permette d’observer le langage, qu’il n’y a<br />

pas de métalangage.<br />

Mon hypothèse est que dans la psychose,<br />

ce dire-là, tout se passe comme s’il<br />

n’était pas oublié. On le vérifie avec<br />

l’hallucination dont la perception<br />

s’éternise, et qui justement ne passe pas<br />

au dit. C’est d’ailleurs pourquoi il n’y a<br />

pas de distance entre la voix et le dit ;<br />

ainsi, par exemple, ce que dit la voix est<br />

indiscutable. On sait que par l’opération<br />

analytique, c’est à ne pas mettre en doute<br />

l’existence même de la voix qu’on obtient<br />

que puisse venir au débat ce que dit la<br />

voix, que quelque chose donc se détache<br />

128<br />

Idem p.335.<br />

129<br />

LACAN, J. « L’étourdit », Autres écrits, Paris,<br />

Seuil, 2001, p.449.<br />

Heteridade 7<br />

Internacional dos Fóruns-Escola de Psicanálise dos Fóruns do Campo Lacaniano 88

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