O TEMPO NA DIREÃÃO DO TRATAMENTO
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le temps suspendu, ce qu’il fait en effet<br />
en dévorant ses descendants. Dans cette<br />
famille bien plus modeste que celle de<br />
l'Olympe, je me contente de relever ce<br />
que dit l'enfant : son père parle « entre les<br />
dents ».<br />
Dans un rêve suivant, toute la famille<br />
se transforme en loups-garous ; il<br />
commente: « Mon père n'était plus mon<br />
père ». Déclaration de la différence<br />
radicale, que ce garçon a rencontré d’une<br />
façon particulièrement exposée, qu'il y a<br />
entre le père partenaire de la mère, avec<br />
le réel sexuel qu’il emporte, et le père<br />
nourricier. C'est évidemment le premier<br />
qui supporte les fantasmes de rétorsion<br />
que le petit Zeus, protégé par l’amour de<br />
sa mère, craint tout de même. Ce garçon<br />
très jeune, vers 4 ans, était déjà venu me<br />
parler de son effroi de n'avoir pas<br />
reconnu son père. Ce dernier s'était rasé<br />
la barbe qu’il portait depuis toujours et il<br />
était apparu comme un autre aux yeux de<br />
son fils. Ainsi puis-je faire l’hypothèse<br />
que la coupure opérée par la scie est le<br />
deuxième temps du trauma inauguré par<br />
l’apparition d’un père qui n’est plus le<br />
même, révélant dans son apparition<br />
d’homme étranger son statut, séparateur.<br />
Je commente le rêve en signalant au<br />
jeune garçon qu’en effet la mort (est)<br />
sûre mais que la morsure de loup-garou<br />
ne l’a pas tué mais en a fait un loupgarou<br />
comme son père.<br />
Dans le rêve suivant, les loups n’apparaissent<br />
plus si terribles, ce sont des<br />
louveteaux qui l’attaquent, mais ce<br />
uniquement pour manger ses chaussons<br />
et son père pour la première fois<br />
apparaît protecteur, il chasse avec un<br />
marteau les bébés loups.<br />
Le dernier rêve donne la clé. L'enfant<br />
arrive en me déclarant: « Je n'ai plus peur<br />
de la mort, je sais pourquoi ». Puis il<br />
raconte : « J'ai fait un rêve, j'étais dans un<br />
grand arbre (comme celui dont il est<br />
tombé), on a fait une cabane ». Et il<br />
commente : « C'est juste derrière un<br />
ruisseau, comme ça maman ne pourra<br />
pas passer ». Il m’explique alors qu’il a<br />
réellement construit une cabane avec son<br />
frère aîné et son père, dans un lieu<br />
supposé peu accessible pour le sexe dit<br />
faible. Il opère ainsi la séparation avec<br />
une mère trop proche en se rangeant<br />
côté homme et en mettant entre elle et<br />
lui un obstacle infranchissable. Cette<br />
sortie très œdipienne via l’identification<br />
de genre permettra-t-elle à l’enfant de<br />
supporter l’impossible ? Il semble en<br />
prendre le chemin lorsque, jouant<br />
distraitement avec quelques petits<br />
personnages sur le bureau, il déclare<br />
sereinement : « Il n'y a que les faux qui<br />
ne meurent pas ». Voilà l'enfant devenu<br />
philosophe 93 .<br />
93<br />
Comme Montaigne rappelant que la mort ne<br />
touche que le vivant.<br />
Heteridade 7<br />
Internacional dos Fóruns-Escola de Psicanálise dos Fóruns do Campo Lacaniano 60