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Histoire du mouvement ouvrier Tome I : 1830-1871

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Édouard Dolléans, <strong>Histoire</strong> <strong>du</strong> <strong>mouvement</strong> <strong>ouvrier</strong>, <strong>Tome</strong> I : <strong>1830</strong>-<strong>1871</strong> (1948) 110<br />

II<br />

L'état d'esprit qui règne dans les districts <strong>du</strong> Nord-Ouest est porté à son paroxysme<br />

par les réunions publiques. Les <strong>ouvrier</strong>s y arrivent après une journée de <strong>du</strong>r travail ou<br />

exaspérés par des semaines de chômage. Aussi leurs âmes s'enflamment-elles facilement<br />

aux paroles de violence.<br />

La misère au foyer. Au dehors un cadre dramatique. Dans les meetings, le soir, au<br />

clair de lune ou à la lueur des torches, les orateurs oublient toute modération, à la vue<br />

des visages amaigris et affamés de ceux qui écoutent. Et lorsque l'un d'eux s'écrie que<br />

le temps d'agir est venu et qu'à sa demande : « Êtes-vous prêts ? » une décharge d'armes<br />

à feu répond, comment cette atmosphère d'émotion collective n'unirait-elle pas<br />

tous les assistants dans un même <strong>mouvement</strong> de révolte contre les conditions économiques<br />

et sociales de leur existence ?<br />

A partir <strong>du</strong> 1 er janvier 1838, chaque meeting montre les progrès de la force physique<br />

et le recul des méthodes de la W. M. A. Chaque meeting éclaire une des étapes de<br />

l'évolution.<br />

Le 1 er janvier, le conservateur social Stephens se déclare un « révolutionnaire par<br />

le feu, un révolutionnaire par le sang, jusqu'au couteau et jusqu'à la mort » ; il donne<br />

le conseil à tout homme d'avoir ses pistolets ou sa pique, à toute femme d'avoir sa<br />

paire de ciseaux et à tout enfant sa botte d'aiguilles. C'est le Jour de l'An, à Newcastleupon-Tyne,<br />

que la nécessité de la violence est exprimée pour la première fois. Le<br />

même mois, à Glasgow, à propos <strong>du</strong> Factory System, au nom <strong>du</strong> droit qu'a tout<br />

homme « de se procurer par son travail de quoi se nourrir et se vêtir confortablement,<br />

lui, sa femme et ses enfants », le même Stephens somme les classes régnantes d'agir<br />

« comme la loi le prescrit et comme Dieu l'ordonne », sinon : « Nous le jurons, par<br />

l'amour que nous avons pour nos frères, par Dieu qui nous fit tous pour être heureux,<br />

par la Terre qu'il nous donna pour nous nourrir, par le Ciel qu'il destine à ceux qui<br />

s'aiment les uns les autres ici-bas... Nous envelopperons d'une flamme dévorante, à<br />

laquelle aucun bras ne pourra résister, les manufactures des tyrans <strong>du</strong> coton et les monuments<br />

de leurs rapines et de leurs meurtres, édifiés sur la misère de millions d'êtres<br />

que Dieu, notre Dieu, le Dieu de l'Écosse a faits pour être heureux. »<br />

Le 31 mars 1838, dans la Northern Star, Bronterre constate « que les populations<br />

ouvrières ont assez des paroles, qu'elles veulent des actes ».<br />

Le 8 mai, la Charte <strong>du</strong> Peuple est publiée par la Working Men's Association et, le<br />

28 mai, elle est présentée à une réunion publique tenue à Glasgow, sous les auspices

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