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Histoire du mouvement ouvrier Tome I : 1830-1871

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Édouard Dolléans, <strong>Histoire</strong> <strong>du</strong> <strong>mouvement</strong> <strong>ouvrier</strong>, <strong>Tome</strong> I : <strong>1830</strong>-<strong>1871</strong> (1948) 65<br />

férence, « la Revue Encyclopédique (Pierre Leroux), L'Européen (Buchez), M. Fourier,<br />

les Saint-Simoniens... »<br />

Pendant les deux premières années de la monarchie de Juillet, les républicains<br />

« ne sont pas encore franchement allés aux <strong>ouvrier</strong>s » (Gabriel Perreux). La Société<br />

des Amis <strong>du</strong> Peuple, parmi ses affiliés, ne compte que peu d'<strong>ouvrier</strong>s.<br />

La première manifestation de réelle sympathie est provoquée par l'insurrection de<br />

Lyon. En décembre 1831, la Société des Amis <strong>du</strong> Peuple publie, parmi ses tracts, une<br />

brochure : La Voix <strong>du</strong> Peuple.<br />

L'auteur de la brochure 28 fait l'éloge de « ces hommes qui avaient écrit sur le drapeau<br />

noir, autour <strong>du</strong>quel ils se ralliaient : Vivre libres en travaillant ou mourir en<br />

combattant, sublime expression <strong>du</strong> bon sens de la France civile et <strong>du</strong> courage de la<br />

France guerrière réunis. Lyon, passé des mains des <strong>ouvrier</strong>s aux mains des troupes<br />

royales, la question de tranquillité reste encore à résoudre. Elle reste avec cette classe<br />

d'<strong>ouvrier</strong>s qu'on ne pourra pas exterminer ; qui garderont leurs besoins et leur misère ;<br />

toujours prêts à crier pour demander <strong>du</strong> pain, toujours prêts à remuer quand la fièvre<br />

viendra tirailler leur estomac vide ».<br />

L'insurrection de Lyon n'est que la manifestation partielle d'un mal généralement<br />

ressenti : « D'ailleurs, ce n'est pas qu'à Lyon qu'on a faim. De tous côtés, n'entendezvous<br />

pas qu'on murmure : « Mieux vaudrait se faire tuer d'un coup de baïonnette que<br />

de vivre aussi misérablement ? » C'est que dans toutes les villes travailleuses, ce sont<br />

les mêmes hommes, une pareille gêne. Les mêmes circonstances, sinon présentes,<br />

sont probables partout. On voit dans cette insurrection d'une cité la manifestation partielle<br />

d'un mal généralement senti. »<br />

Quelles sont donc les causes <strong>du</strong> fait que les citoyens qui devraient être unis dans<br />

un intérêt commun de liberté et de bonheur sont divisés ? « La société par l'action des<br />

lois a fait tomber en bloc aux mains de quelques-uns les richesses qu'elle devait incessamment<br />

morceler pour qu'une parcelle en arrivât à chacun. Les uns possèdent ; les<br />

autres se résignent ou bien se révoltent. »<br />

D'où la guerre civile : « On se bat d'un côté pour renverser ce qu'on appelle les<br />

privilèges ; de l'autre, pour maintenir ce qu'on appelle les droits acquis... »<br />

La détresse des classes laborieuses existe - c'est un fait - et pourtant elle ne s'explique<br />

pas : « Les sources de la pro<strong>du</strong>ction sont-elles taries pour tout le monde ? Non.<br />

Nos champs ne sont pas devenus infertiles ; les machines de l'in<strong>du</strong>strie n'ont pas cessé<br />

de fabriquer ; mais que leur part de tout cela est chétive. Certes, ils pouvaient bien<br />

s'en prendre à l'organisation de cette Société qui semble n'avoir jamais fait de riche<br />

assez riche, de pauvre assez pauvre. »<br />

28 La Voix <strong>du</strong> Peuple, brochure publiée par la Société des Amis <strong>du</strong> Peuple. (Bib. Nat., Lb51 1113.)

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