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Histoire du mouvement ouvrier Tome I : 1830-1871

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Édouard Dolléans, <strong>Histoire</strong> <strong>du</strong> <strong>mouvement</strong> <strong>ouvrier</strong>, <strong>Tome</strong> I : <strong>1830</strong>-<strong>1871</strong> (1948) 252<br />

Cette autorité ira grandissant pendant les années suivantes, Eugène Varlin la doit<br />

d'abord et avant tout à sa sympathie profonde, à sa simplicité, à son humanité accueillante<br />

à tous. Sa forte personnalité n'est pas, ce qui est rare, une prison. Son cœur,<br />

son intelligence sont largement ouverts, il n'exprime son opinion qu'après avoir écouté<br />

celle d'autrui. Plein de bienveillance, il aperçoit d'abord dans celui qui s'adresse à lui,<br />

non les défauts, le vice apparent, mais il sait deviner l'homme secret. Son instinct dégage<br />

le diamant caché. Il fait crédit à l'homme, et crédit à la classe ouvrière, car ce<br />

n'est pas en vain qu'il a commencé par être proudhonien. Il croit à la capacité de la<br />

classe ouvrière ; son intimité quotidienne avec la vie des associations ouvrières lui a<br />

appris que l'énergie et la vitalité des travailleurs sont capables de rajeunir une société<br />

vieillissante, que les esprits les plus cultivés <strong>du</strong> temps reconnaissent en état stationnaire.<br />

Eugène Varlin avait cette flamme qui permet de surpasser ses forces physiques.<br />

Faillet qui l'a connu raconte que, dès qu'il avait gagné son pain, en travaillant la nuit,<br />

il courait d'un bout à l'autre de la grande ville saisir à la sortie de l'atelier, à la gargote,<br />

à la crémerie, tel ou tel camarade, tel ou tel groupe. Il les écoutait, les réveillait, les<br />

entraînait, persuadait les plus rebelles et les plus nonchalants de prêter leur concours<br />

aux sociétés ouvrières. De retour chez lui, après avoir écrit aux amis de province et de<br />

l'étranger et pris quelque sommeil, il se mettait à la reliure.<br />

Retour à la table des matières<br />

I<br />

Eugène Varlin a la volonté de faire « descendre la formule révolutionnaire dans<br />

les réalités sociales » ; il a le sentiment des difficultés et le souci des problèmes qui se<br />

poseront au lendemain de la révolution. Il écrit en novembre 1869 :<br />

« Nous pourrions surtout commencer l'étude des moyens d'organiser le travail aussitôt<br />

la révolution faite, car il faut que nous soyons prêts ce jour, si nous ne voulons<br />

pas nous laisser frustrer encore une fois. La suppression de toutes les institutions qui<br />

nous gênent sera facile, nous sommes à peu près tous d'accord là-dessus ; mais l'édification<br />

sera plus difficile, car les travailleurs n'ont pas encore d'idée commune sur ce<br />

point, très peu ont quelque chose d'arrêté dans leur imagination. Il est cependant essentiel<br />

que nous soyons prêts de telle sorte qu'en substituant tout d'un coup une bien<br />

meilleure organisation à celle que nous ferons disparaître, les plus incré<strong>du</strong>les et les<br />

plus rétifs soient immédiatement avec nous 105 . »<br />

105<br />

Varlin à Albert Richard, Lettres inédites, Archives municipales de Lyon, Série 1 (2), 20 novembre<br />

1869.

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