Histoire du mouvement ouvrier Tome I : 1830-1871
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Édouard Dolléans, <strong>Histoire</strong> <strong>du</strong> <strong>mouvement</strong> <strong>ouvrier</strong>, <strong>Tome</strong> I : <strong>1830</strong>-<strong>1871</strong> (1948) 116<br />
Le 3 juillet 1839, la Convention, réunie à Birmingham, aborde la discussion des<br />
mesures ultérieures. Tous les délégués viennent déclarer que le peuple est prêt à agir<br />
et qu'il n'attend qu'un signe de la Convention. La grève générale concentre l'attention.<br />
Presque tous les conventionnels vont s'en déclarer partisans. Les uns, plus pressés,<br />
vont demander qu'on fixe au mois sacré la date la plus rapprochée. Les autres en approuveront<br />
le principe, mais, pour des raisons d'opportunité, réclameront son application<br />
à terme. Lovett essaie, par une mesure dilatoire, d'écarter la mise à exécution<br />
immédiate de la grève générale qu'il considère irréalisable ; et de son côté Feargus, ne<br />
voulant pas s'engager à fond dans une circonstance décisive, évite de recommander la<br />
grève générale qu'il avait préconisée et cherche à retenir la Convention en la flattant :<br />
« Nous avons conquis une grande importance dans le pays et il ne faudrait pas risquer<br />
une défaite générale pour. un triomphe partiel. »<br />
La Convention adopte une résolution qui la met dans l'obligation de voter, le 13<br />
juillet, la grève générale si la pétition est rejetée par la Chambre des Communes. Cette<br />
résolution permet à la Chambre des Communes de déclarer qu'elle ne veut pas céder<br />
sous la menace de la grève générale.<br />
Le 4 juillet, une première émeute éclate à Birmingham. Le Dr Taylor est arrêté ; et<br />
le 6, pour avoir signé une protestation de la Convention, William Lovett l'est également.<br />
Le 10 juillet, les conventionnels se réunissent de nouveau à Londres ; et ils<br />
s'abandonnent à la colère qu'ont provoquée en eux les quatre-vingts arrestations qui<br />
ont suivi l'émeute de Birmingham. Le 13 juillet, la Northern Star s'écrie : « la bataille<br />
a commencé » et, dans un meeting, Bronterre demande à ses auditeurs, si, au cas où<br />
les conventionnels seraient arrêtés en masse, ils seraient prêts à proclamer la grève<br />
générale.<br />
La veille, le 12 juillet, la Chambre des Communes s'est réunie pour entendre le<br />
discours de Thomas Atwood, en faveur de la pétition chartiste. Lord John Russel lui<br />
répond que le suffrage universel ne serait pas un remède aux fluctuations économiques,<br />
qui sont la conséquence de la situation manufacturière et commerciale de l'Angleterre<br />
; le suffrage universel serait impuissant à assurer la stabilité de l'équilibre<br />
économique. Et la prise en considération de la pétition est rejetée par 247 voix contre<br />
48.<br />
Ce rejet a pour conséquence des émeutes, et le vote de la grève générale. La résolution<br />
Lowery, qui fixe celle-ci au 12 août, est adoptée par 13 voix, à une voix de<br />
majorité. Cette petite majorité est ainsi analysée par Feargus : « Les sept conventionnels,<br />
qui formaient la majorité des 13, représentaient des circonscriptions électorales,<br />
dans lesquelles, je puis l'assurer, à l'exception de Bristol et de Hyde, il n'y aurait pas<br />
eu plus de 500 grévistes »; et les quatre autres conventionnels avaient voté la résolution<br />
en déclarant « qu'ils n'avaient aucun espoir de voir leurs districts obéir à l'ordre<br />
de la Convention ». En fait, parmi les travailleurs, une petite minorité seulement est<br />
disposée à la grève. Mais la majorité a voté la grève qu'a combattue Feargus en disant<br />
que l'armée de réserve in<strong>du</strong>strielle permettra aux employeurs de vaincre les tentatives<br />
de résistance ouvrière.