12.12.2012 Views

Histoire du mouvement ouvrier Tome I : 1830-1871

Histoire du mouvement ouvrier Tome I : 1830-1871

Histoire du mouvement ouvrier Tome I : 1830-1871

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Édouard Dolléans, <strong>Histoire</strong> <strong>du</strong> <strong>mouvement</strong> <strong>ouvrier</strong>, <strong>Tome</strong> I : <strong>1830</strong>-<strong>1871</strong> (1948) 85<br />

fants, touché au moment où il traverse rapidement la rue pour aller chercher des provisions<br />

dans un cabaret voisin... Les malheureux locataires des maisons où le feu se<br />

communiquait, dans la <strong>du</strong>re alternative de périr dans les flammes ou par le fer, se sauvaient<br />

par les toits en cherchant à gagner les bâtiments les plus éloignés <strong>du</strong> théâtre de<br />

l'incendie. A la mairie, on répond aux habitants d'une maison qui brûle : Qu'on la<br />

laisse brûler, on n'y a pas mis le feu pour l'éteindre 35 .<br />

Le matin <strong>du</strong> 11 avril, les Cordeliers tiennent encore, la Croix-Rousse n'est plus<br />

attaquée, les faubourgs de Vaise, de Saint-Just et de Saint-Georges, toute la rive droite<br />

de la Saône, tiennent. Mais, pendant la journée <strong>du</strong> 11 avril, les insurgés, ne voyant pas<br />

venir de Saint-Étienne le secours qu'ils attendent, se croient abandonnés par tous, et<br />

ils regagnent peu à peu leurs logis. Ils sont sans armes, leurs munitions sont épuisées.<br />

« Après trois jours et trois nuits de lutte sans relâche, abîmés de fatigue et de besoins<br />

de tout genre, les <strong>ouvrier</strong>s devaient être facilement enlevés de vive force. » (A. Sala).<br />

L'insurrection, épuisée par ses propres efforts, est amenée au point de succomber.<br />

Aussi, le samedi 12, le faubourg de Vaise est-il enlevé ; Saint-Nizier et Saint-<br />

Bonaventure sont pris ; le 13, Fourvière, défen<strong>du</strong>e par 50 hommes au plus, a en face<br />

d'elle les 20 000 dont dispose le général Aymar ; le 14, le faubourg et les hauteurs de<br />

Saint-Georges sont occupés. Et, après la résistance acharnée de la barricade des Gloriettes,<br />

la Croix-Rousse capitule sous une dernière attaque, le lundi soir. « Une poignée<br />

d'<strong>ouvrier</strong>s mal armés avait pu tenir, pendant trois jours, une garnison nombreuse<br />

»… « Lyon a été ravagé, et ne l'a point été par les factieux. »<br />

L'après-midi <strong>du</strong> 11 avril, à Lyon, l'insurrection était vaincue. Et, le 13, elle éclatait<br />

à Paris. Le 12, Thiers, ministre de l'Intérieur, avait ten<strong>du</strong> un piège aux républicains.<br />

Par sa déclaration à la Chambre, Thiers laissait supposer que ce jour-là la situation à<br />

Lyon était telle que les amis des insurgés pouvaient tout espérer.<br />

Les républicains de Paris donnent dans le piège. Ils ignorent que le 12, Thiers a<br />

déjà fait arrêter les chefs de section de la Société des Droits de l'Homme. Le 13, vers<br />

5 heures <strong>du</strong> soir, des rassemblements se forment dans les rues Beaubourg et Transnonain,<br />

dans la rue aux Ours, dans les rues étroites et tortueuses qui aboutissent au cloître<br />

Saint-Merri, et dans le quartier des Halles. Des barricades sont dressées.<br />

Dans la soirée, le général Bugeaud, avec ses troupes, occupe la place de Grève et<br />

les quais. A six heures <strong>du</strong> matin, le 14 avril, la troupe et la garde municipale s'emparent<br />

des rues de la Verrerie et de Saint-Médéric, tandis que le général de Lascours<br />

« nettoie » les rues Montmorency, Transnonain et Michel-le-Comte. Quatre compagnies<br />

enlèvent les barricades des rues Maubué, Beaubourg, de la Corroyerie, enfonçant<br />

les portes des maisons et les occupant militairement. Enfin, quatre généraux, Bugeaud,<br />

de Rumigny, Lascours et Tourlon, avec leurs troupes, enveloppent de toutes<br />

parts le cloître Saint-Merri 36 .<br />

35<br />

SALA, p. 61, 73 et 81 et La Vérité sur les événements de Lyon au mois d'avril 1834, in-8°, Paris,<br />

Dentu, 1834 (Bib. Nat. Lb51, 2178).<br />

36<br />

<strong>Histoire</strong> des événements de Lyon dans les journées des 9, 10, 11, 12, 13 et 14 avril par un témoin<br />

oculaire, suivie de la dernière insurrection <strong>du</strong> cloître Saint-Méry, par un garde national, Houdaille,<br />

Paris (Bib. Nat. Lb51, 2173).

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!