Histoire du mouvement ouvrier Tome I : 1830-1871
Histoire du mouvement ouvrier Tome I : 1830-1871
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Édouard Dolléans, <strong>Histoire</strong> <strong>du</strong> <strong>mouvement</strong> <strong>ouvrier</strong>, <strong>Tome</strong> I : <strong>1830</strong>-<strong>1871</strong> (1948) 94<br />
La Builders' Union est un nouvel effort d'organisation générale ; elle comprend les<br />
Unions de maçons de pierre, de briquetiers, de menuisiers, de plombiers, de peintres<br />
et manœuvres <strong>du</strong> bâtiment. Le Congrès annuel de l'Union soumet à des règles générales<br />
les divers métiers qui ont chacun leur réglementation propre ; on l'appelle le<br />
Builders' Parliament. Le pouvoir exécutif appartient à un Comité général, et c'est celui-ci<br />
qui accorde ou refuse l'autorité de faire grève.<br />
Au commencement de 1833, l'Union <strong>du</strong> Bâtiment entreprend la lutte contre le<br />
système de l'adjudication. Les métiers <strong>du</strong> Bâtiment, à Liverpool, présentent des revendications<br />
identiques. Par représailles, en juillet 1833, les patrons s'entendent, à<br />
Liverpool et à Manchester, pour imposer aux <strong>ouvrier</strong>s qu'ils engagent l'obligation de<br />
renoncer formellement à faire partie de l'Union <strong>du</strong> Bâtiment.<br />
En septembre 1833, le Congrès <strong>du</strong> Bâtiment réunit 30 000 travailleurs. Le 5 décembre,<br />
à Birmingham, on pose la première pierre d'une maison destinée à devenir le<br />
Builders' Guild Hall. L'Union publie chaque semaine le Pioneer or Trades Union<br />
Magazine ; ce journal déclare que « le pouvoir <strong>du</strong> capital est sans valeur quand il est<br />
privé de notre Travail ». Mais, à la suite de deux grèves, à Liverpool et à Manchester,<br />
le Pioneer devient à Londres l'organe de la Grande Union Consolidée des Métiers, à<br />
laquelle s'affilie une partie des associations de l'Union <strong>du</strong> Bâtiment.<br />
Après l'échec de l'Association Nationale, une vigoureuse campagne en faveur de<br />
la journée de huit heures avait commencé, grâce aux efforts combinés de John Doherty,<br />
de Robert Owen et de John Fielden.<br />
John Doherty, dans son Poor Man's Advocate, soutient l'initiative prise par les fileurs<br />
de coton, et ceux-ci sont suivis par les <strong>ouvrier</strong>s des autres in<strong>du</strong>stries textiles <strong>du</strong><br />
Lancashire. Et l'Union des Potiers, qui s'était formée dès <strong>1830</strong> et qui comprenait une<br />
dizaine de mille adhérents, va se joindre à eux. Robert Owen appuie le <strong>mouvement</strong>,<br />
non seulement dans ses nombreux déplacements à travers les districts <strong>du</strong> Nord-Ouest,<br />
mais dans son journal la Crisis, devenue « la Gazette de l'Union et de la Coopération<br />
de tous les métiers et de l'Equitable Echange <strong>du</strong> Travail ».<br />
John Fielden propose aux populations in<strong>du</strong>strielles <strong>du</strong> Lancashire et <strong>du</strong> Yorkshire<br />
la méthode de la grève générale. John Fielden conseille aux <strong>ouvrier</strong>s, au lieu de<br />
s'adresser au Parlement, de réaliser par eux-mêmes la journée de huit heures. En effet,<br />
en présence <strong>du</strong> projet de loi adopté par le Parlement, la déception avait été grande.<br />
Tous les efforts d'une campagne généreuse et ardente avaient été vains ; en vain le<br />
président Sadler s'était inlassablement dépensé pour faire comprendre au Parlement la<br />
cruauté d'une organisation <strong>du</strong> travail qui, dès leur adolescence, faisait des jeunes <strong>ouvrier</strong>s<br />
et ouvrières des êtres usés, déformés par les maladies, le surmenage, la misère.<br />
Le projet de loi déposé devant la Chambre des Communes par John Cam Hobhouse<br />
avait été, en effet, mutilé par le Parlement. Son projet limitait les heures de travail à<br />
13, soit 11 h. _ de travail effectif, et il prohibait le travail de nuit pour tous les <strong>ouvrier</strong>s<br />
de moins de 21 ans. Le projet s'appliquait à toutes les in<strong>du</strong>stries textiles. Mais le<br />
Parlement, élu pour accomplir la réforme électorale, avait limité la protection à l'in<strong>du</strong>strie<br />
<strong>du</strong> coton, et les enfants continuaient à subir le surmenage des longues heures<br />
de travail.