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Histoire du mouvement ouvrier Tome I : 1830-1871

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Édouard Dolléans, <strong>Histoire</strong> <strong>du</strong> <strong>mouvement</strong> <strong>ouvrier</strong>, <strong>Tome</strong> I : <strong>1830</strong>-<strong>1871</strong> (1948) 262<br />

proclamation des droits de l'homme ? Les faits accomplis nous autorisent à affirmer<br />

de nouveau que le peuple ne peut attendre que de ses propres efforts le triomphe de la<br />

justice. » Parmi les signataires, Varlin, Murat, Theisz, Émile Landrin, Avrial.<br />

Au commencement de novembre, la grève des mégissiers à Paris vient de se généraliser<br />

; elle est soutenue par les sociétés ouvrières; les deux premières payes ont pu<br />

être gardées aux grévistes grâce aux souscriptions des sociétés ; mais le 8 novembre,<br />

pour assurer la troisième paye, « les sociétés, écrit Varlin à Aubry, déplacent leurs<br />

derniers fonds, vendent leurs dernières actions... » La première paye s'est élevée à 8<br />

000 francs et la seconde à 12 000.<br />

En outre des mégissiers, en ce mois de novembre 1869, les brossiers pour peintres,<br />

les tisseurs en canevas sont en grève depuis plusieurs semaines, et les doreurs sur<br />

bois. Le 4 novembre, Varlin avait écrit à Aubry : « Ce ne sont plus les <strong>ouvrier</strong>s mégissiers<br />

qui luttent contre leurs patrons, mais bien toutes les sociétés ouvrières de Paris. »<br />

De leur côté, tous les membres de la Chambre syndicale patronale des cuirs et<br />

peaux s'étaient solidarisés pour soutenir la résistance des patrons mégissiers, en les<br />

indemnisant des pertes qu'ils subissaient. Et l'Union Nationale <strong>du</strong> Commerce et de<br />

l'In<strong>du</strong>strie, composée de nombreuses chambres syndicales patronales, appuie « les<br />

cuirs et peaux » dans l'intention d'épuiser les caisses des sociétés ouvrières par plusieurs<br />

grèves interminables.<br />

Les sociétés qui avaient soutenu les brossiers pour peintres avaient dû les abandonner<br />

afin de concentrer leurs efforts en faveur des mégissiers. Le 2 décembre, Varlin<br />

écrit à Aubry : « Nous avons dépensé 51 000 francs pour les mégissiers. » Le 15<br />

décembre, la grève des mégissiers est terminée, mais elle laisse quatre cents hommes<br />

sans travail : les sociétés ouvrières de Paris, dont les fonds sont épuisés par la lutte,<br />

peuvent avec peine leur donner <strong>du</strong> pain.<br />

Le journal qui, pendant cette année 1869, avait ren<strong>du</strong> compte des conflits <strong>ouvrier</strong>s,<br />

était Le Travail 116 fondé par Douvet grâce au concours de la Chambre syndicale des<br />

employés de commerce ; mais la fin malheureuse de la grève des employés de commerce<br />

a eu pour conséquences le non-renouvellement des abonnements grâce auxquels<br />

ceux-ci soutenaient le journal. Aussi, lorsque Le Travail disparaît en décembre,<br />

Varlin et ses amis songent-ils à fonder un nouveau journal. Les Belges ont pour organe<br />

L'Internationale. A Chaux-de-Fonds, L'Egalité est celui des internationaux jurassiens.<br />

En novembre, des élections partielles ont lieu à Paris. Les socialistes mènent<br />

campagne contre les hommes de 1848, comme les appelle Vermorel 117 , contre les<br />

candidats assermentés. C'est la vieille querelle <strong>du</strong> serment qui se prolonge ainsi depuis<br />

septembre 1852, où elle avait empêché Proudhon de se présenter. Le 20 novembre<br />

1869, Varlin peut écrire ceci à Albert Richard :<br />

« La campagne électorale nous a montré le plus beau gâchis qu'il soit possible de<br />

voir. Presque toutes nos personnalités républicaines sont venues échouer et montrer<br />

116 Le Travail s'était d'abord appelé Le Commerce dont le premier numéro avait paru en mai 1869.<br />

117 VERMOREL, Les hommes de 1848, Alonnier, Paris, 1868, 2 ème édition, 1869.

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