Histoire du mouvement ouvrier Tome I : 1830-1871
Histoire du mouvement ouvrier Tome I : 1830-1871
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Édouard Dolléans, <strong>Histoire</strong> <strong>du</strong> <strong>mouvement</strong> <strong>ouvrier</strong>, <strong>Tome</strong> I : <strong>1830</strong>-<strong>1871</strong> (1948) 136<br />
Les liens qui existent entre les sociétés secrètes font apparaître la tendance internationale<br />
<strong>du</strong> <strong>mouvement</strong> <strong>ouvrier</strong>, dans la mesure où ce <strong>mouvement</strong> s'exprime par la<br />
participation ouvrière aux sociétés secrètes. Dès cette époque, en France comme en<br />
Grande-Bretagne, sinon dans ses doctrines, <strong>du</strong> moins dans ses aspirations, le <strong>mouvement</strong><br />
<strong>ouvrier</strong> va chercher instinctivement à relier la solidarité entre travailleurs d'un<br />
pays à une solidarité internationale entre les classes laborieuses. L'entente existant<br />
entre Français, Allemands, Suisses au sein des sociétés secrètes, à Paris, s'élargit entre<br />
les classes laborieuses de Grande-Bretagne, de Belgique, de France, les relations vont<br />
peu à peu devenir plus fréquentes et plus précises. Déjà, en 1836, les Chartistes de la<br />
W. M. A. adressent un message à la classe ouvrière belge, où s'affirme la solidarité de<br />
tous les travailleurs. Le <strong>mouvement</strong> chartiste n'est pas ignoré en France : en 1839 Flora<br />
Tristan décrit le Parlement <strong>ouvrier</strong> de Fleet Street : en octobre 1842, le journal<br />
L'Atelier adresse un appel aux Chartistes qui lui répondent en janvier 1843. Enfin,<br />
l'émeute <strong>du</strong> 13 mai 1839, en provoquant l'exil des membres de la Fédération des Justes,<br />
suscite la formation, à Londres et à Bruxelles, de deux centres d'agitation internationale.<br />
Le procès des accusés d'avril avait désorganisé le parti républicain.<br />
Les républicains espéraient que le procès devant la cour de Paris pourrait être un<br />
grandiose moyen de propagande. Mais leurs divisions sont favorisées par la longueur<br />
de l'instruction, par leurs querelles personnelles, et par les oppositions qui se manifestent<br />
entre le Comité de défense et les défenseurs eux-mêmes. Et le procès, commencé<br />
le 5 mai 1835, s'achève le 23 janvier 1836, dans l'indifférence de l'opinion publique.<br />
Entre temps, le 4 août 1835, le gouvernement avait déposé trois projets de loi qui<br />
deviennent les lois de septembre.<br />
La plus importante avait trait à la presse : elle augmentait le cautionnement et aggravait<br />
les dispositions relatives aux gérants. Elle rétablissait la censure pour les dessins,<br />
lithographies, pièces de théâtre : elle défendait de prendre la qualification de<br />
républicain, et enfin frappait de détention et d'une amende de 10 000 francs toute offense<br />
à la personne <strong>du</strong> roi, toute attaque contre le principe <strong>du</strong> gouvernement.<br />
La Tribune disparaît le 12 mai 1835 : Le Réformateur, dont le premier numéro est<br />
<strong>du</strong> 8 octobre 1834, subit le même sort en octobre 1835.<br />
Au printemps de 1834 les associations républicaines essaient de se reconstituer en<br />
province, notamment à Saint-Étienne, à Nuits, à Dijon, à Strasbourg, à Rouen, à Angers,<br />
au Mans, à Aix, à Toulouse. Mais les essais, signalés un peu partout, de reconstitution<br />
<strong>du</strong> parti républicain sur ses anciennes bases étaient voués à un échec.<br />
La propagande républicaine devient secrète : Vignerte, Lebon, Berryer-Fontaine,<br />
Delente profitent de leurs permissions de sortie de prison pour organiser une société<br />
dont les adhérents puissent se réunir n'importe où, mais à trois seulement. En province,<br />
la Charbonnerie recueille les membres dispersés des associations républicaines.