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Histoire du mouvement ouvrier Tome I : 1830-1871

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Édouard Dolléans, <strong>Histoire</strong> <strong>du</strong> <strong>mouvement</strong> <strong>ouvrier</strong>, <strong>Tome</strong> I : <strong>1830</strong>-<strong>1871</strong> (1948) 231<br />

surde autant qu'odieuse qui, depuis des milliers d'années, pousse les peuples à s'entr'égorger<br />

sous de sots prétextes d'intérêt national et de différence de races. » L'un des<br />

signataires, Albert Fermé, le 10 Juin, dans Le Courrier français, réclame la grève des<br />

peuples contre la guerre : « Il suffit de se croiser les bras, de faire la sourde oreille et<br />

de rester immobiles. Pour faire la guerre, il faut des hommes et de l'argent, des levées<br />

extraordinaires et des emprunts. Eh bien ! qu'on ne donne ni hommes ni argent. »<br />

Six jours avant Sadowa, dans Le Courrier français, A. Vermorel écrit que « la<br />

guerre, c'est la contre-révolution ». Les membres de la première Commission de l'Internationale<br />

parisienne sont en relations suivies avec les étudiants <strong>du</strong> Quartier latin.<br />

C'est chez Garnier Pagès que Fribourg les a rencontrés. Depuis que La Rive gauche<br />

paraît (en 1864), Ch. Longuet et les jeunes républicains qui collaborent à son journal,<br />

se sont intéressés à la formation de l'Internationale et ont été, parmi les premiers, à<br />

s'affilier au Bureau de-Paris : ils défendent les positions des Internationaux parisiens,<br />

positions proches des leurs, notamment pour ce qui est de la guerre. Cette étroite<br />

union, dans les idées et dans l'action, entre les étudiants républicains et les socialistes<br />

de l'Internationale parisienne, mérite d'être notée : elle se repro<strong>du</strong>ira souvent, sinon<br />

toujours, au cours de l'histoire <strong>du</strong> <strong>mouvement</strong> <strong>ouvrier</strong>.<br />

Les <strong>ouvrier</strong>s avaient un sentiment national très vif, et qui s'associait à la tradition<br />

révolutionnaire. Dans ses souvenirs, A. Audiganne remarque qu'avec le culte de<br />

l'égalité, « le sentiment national forme, dans le domaine de la vie publique des <strong>ouvrier</strong>s<br />

de Paris, le trait de caractère le plus saillant et le plus universel ».<br />

Ce sentiment national se conciliait avec leur haine de la guerre « destructrice de la<br />

pro<strong>du</strong>ction et de la moralité ». Avec son sens. psychologique, Georges Duveau a<br />

compris la complexité de cet état d'âme : ces premiers internationaux « rêvaient d'une<br />

nouvelle marche à travers l'Europe, d'une délivrance des peuples opprimés... leur enthousiasme<br />

pour les expéditions de délivrance s'associait à un idéal de fraternité des<br />

peuples » 90 . Le mémoire de la délégation parisienne au Congrès de Genève reflète<br />

cette complexité : d'instinct les <strong>ouvrier</strong>s de Paris sont pour « le peuple armé contre les<br />

armées permanentes ».<br />

« La patrie n'a besoin de défenseurs que quand elle est menacée, et puisqu'enfin<br />

c'est là qu'il faut en revenir, faire croupir pendant plusieurs années la partie la plus<br />

vigoureuse des travailleurs dans les casernes, c'est assurément entraver la pro<strong>du</strong>ction<br />

dans le présent et l'avenir... Si nous voulons être libres, il faut que nous soyons nousmêmes<br />

notre police et notre armée. Se donner des gardiens, c'est se donner des maîtres.<br />

»<br />

Telles allaient être les conclusions <strong>du</strong> chapitre sur les armées permanentes et de<br />

leurs rapports avec la pro<strong>du</strong>ction dans le mémoire de la délégation parisienne au<br />

Congrès de Genève. Le 17 juin 1866, Tolain, Bourdon, Varlin, Heligon, Fribourg publient,<br />

au nom des membres de l'Internationale parisienne, la déclaration suivante :<br />

90 G. DUVEAU, Mémoire inédit sur l'état d'esprit des <strong>ouvrier</strong>s sous le second Empire, première esquisse<br />

de La vie ouvrière sous le second Empire, op. cit. qui renouvelle l'histoire de toute la société<br />

<strong>du</strong> temps.

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