12.12.2012 Views

Histoire du mouvement ouvrier Tome I : 1830-1871

Histoire du mouvement ouvrier Tome I : 1830-1871

Histoire du mouvement ouvrier Tome I : 1830-1871

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Édouard Dolléans, <strong>Histoire</strong> <strong>du</strong> <strong>mouvement</strong> <strong>ouvrier</strong>, <strong>Tome</strong> I : <strong>1830</strong>-<strong>1871</strong> (1948) 298<br />

demandent à Rothschild l'ouverture d'un crédit de 500 000. La Banque de France met<br />

1 million à la disposition de Varlin et de Jourde. A 10 heures <strong>du</strong> soir la solde est distribuée<br />

dans tous les arrondissements.<br />

Varlin passe des Finances aux Subsistances, des Subsistances à l'Intendance :<br />

partout sa présence assure l'ordre, la discipline <strong>du</strong> travail. Son autorité est faite de<br />

sympathie et de simplicité.<br />

C'est grâce à lui, à Jourde et aux autres internationaux que la machine administrative<br />

de Paris peut fonctionner avec 10 000 employés, alors qu'auparavant elle en exigeait<br />

60 000. Varlin a l’œil partout, il ne souffre aucun gaspillage. Il a laissé les Finances<br />

entre des mains dont il est sûr : Jourde, ce jeune comptable, s'est révélé d'une<br />

dextérité extrême ; très fin, enthousiaste, il a conquis l'amitié de Varlin : il possède<br />

une sérénité calme et une maîtrise de soi qui correspondent à la vertu simple et stoïque<br />

de Varlin. Jourde devait garder ces qualités de maîtrise jusque dans ces journées<br />

tumultueuses et désordonnées pendant lesquelles Paris et la Commune se débattent<br />

contre l'armée de Versailles.<br />

Jourde avait b faire face à une lourde tâche : il y apporta sa lucidité calme de<br />

« bon comptable » (G. Bourgin). Il faut chaque matin nourrir 300 000 personnes. Sur<br />

600 000 <strong>ouvrier</strong>s travaillant chez un patron, 114 000 seulement sont occupés, dont 62<br />

500 femmes 150 . Il faut aussi alimenter les différents services. Versailles a laissé dans<br />

les caisses 4 658 000 francs. Jourde veut conserver intacts les 214 millions de titres<br />

trouvés au ministère des Finances.<br />

Jourde a donc pour toutes ressources les recettes des administrations : postes, télégraphes,<br />

contributions directes et indirectes, octrois, douanes, halles et marchés, tabacs,<br />

enregistrement et timbres, caisse municipale, chemins de fer.<br />

De la Banque de France, le gouvernement communaliste reçoit 9 400 000 francs<br />

appartenant à la ville et une avance de 7 292 000 francs. Les dépenses <strong>du</strong> 20 mars au<br />

30 avril sont de 26 millions. Pendant les trois semaines de mai, les dépenses s'élèvent<br />

à 20 millions. Pour les neuf semaines de son existence, la Commune a dépensé 46<br />

millions de francs, dont 16 694 000 fournis par la Banque de France et le reste par les<br />

différents services. Et, pendant cette période, la Banque de France acceptait près de<br />

260 millions de traites tirées sur elle par le gouvernement de Versailles pour combattre<br />

Paris.<br />

Aux Postes, Theisz, l'organisateur de la Chambre fédérale des sociétés ouvrières, a<br />

trouvé le service désorganisé, les bureaux divisionnaires fermés, les timbres cachés ou<br />

emportés, le matériel (cachets, voitures) détourné, la caisse mise à sec. Des affiches<br />

apposées dans les salles et les cours ordonnent aux employés de se rendre à Versail-<br />

150 AUDIGANNE, Revue des Deux Mondes, 15 mai <strong>1871</strong>.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!