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Histoire du mouvement ouvrier Tome I : 1830-1871

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Édouard Dolléans, <strong>Histoire</strong> <strong>du</strong> <strong>mouvement</strong> <strong>ouvrier</strong>, <strong>Tome</strong> I : <strong>1830</strong>-<strong>1871</strong> (1948) 195<br />

d'un bourgeois de Paris, nous raconte ces entretiens, fait remarquer que Morny ajoutera<br />

à la liste les noms de Thiers et de Changarnier.<br />

Un an après ces pourparlers, la situation s'était éclaircie, le terrain paraissait<br />

« nettoyé » par la loi électorale <strong>du</strong> 31 mai 1850 qui, deux jours après l'arrestation de<br />

Jeanne Deroin et de ses camarades, élimine trois millions d'électeurs sur neuf millions<br />

d'inscrits. Thiers, un des auteurs <strong>du</strong> projet, déclare dans la discussion qu'il excluait <strong>du</strong><br />

suffrage non les pauvres, mais les vagabonds et la vile multitude. En fait, ces trois<br />

millions d'exclus comprenaient les <strong>ouvrier</strong>s, forcés par leur métier de changer de domicile<br />

et qui n'étaient pas domiciliés depuis trois ans dans une commune, les républicains<br />

des professions libérales ou autres qui avaient subi une condamnation politique.<br />

Déjà, quelques mois auparavant, une loi <strong>du</strong> 15 mars 1850, dite loi Falloux, plaçait<br />

l'Université sous le contrôle des autorités administratives ou religieuses. Enfin une loi<br />

sur la presse, le 16 juillet 1850, exige un cautionnement des propriétaires de journaux,<br />

frappe ceux-ci <strong>du</strong> droit de timbre, ainsi que les brochures politiques et sociales. Les<br />

magistrats profitent de cette loi pour harceler les écrivains socialistes et républicains,<br />

frapper d'amendes les journaux, poursuivre les sociétés républicaines, interdire les<br />

emblèmes républicains, considérant comme séditieux même le cri « Vive la République<br />

».<br />

Mais depuis longtemps déjà, la République n'existe plus que de nom. La réaction<br />

avait commencé sur le terrain social avant de s'affirmer sur le terrain politique ; et les<br />

mesures prises pendant les premières semaines de la République avaient été, les unes<br />

après les autres, abolies.<br />

Dés l'été 1848, l'Assemblée revient sur les mesures protectrices <strong>du</strong> travail adoptées<br />

dans les premières semaines de la République. Et d'abord sur la limitation de la<br />

journée de travail. Au lendemain de l'insurrection de Juin, sans attendre, dès le 30,<br />

l'économiste Wolowski réclame l'abrogation <strong>du</strong> décret limitant la journée de travail<br />

des a<strong>du</strong>ltes. Le 30 août, Pierre Leroux défend le décret <strong>du</strong> 2 mars ; mais Buffet exprime<br />

l'opinion de l'Assemblée en déclarant que le décret n'était, au lendemain de la<br />

Révolution, qu'une concession « nécessaire parce que les <strong>ouvrier</strong>s étaient alors redoutables<br />

». Depuis qu'ils ne le sont plus, le décret est devenu inutile.<br />

Du reste, le décret est défavorable aux travailleurs, parce qu'il a amené la fermeture<br />

d'ateliers et le chômage. Le décret est injuste puisqu'il n'est pas applicable aux<br />

<strong>ouvrier</strong>s à domicile qui travaillent jusqu'à 16 heures par jour. Le gouvernement prend<br />

un moyen terme. Il propose 12 heures comme maximum de la journée de travail. Et<br />

l'Assemblée le suit. La loi <strong>du</strong> let septembre 1848 punit seulement d'une amende les<br />

contraventions, alors qu'en cas de récidive le décret <strong>du</strong> 2 et 4 mars appliquait l'emprisonnement.

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