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Histoire du mouvement ouvrier Tome I : 1830-1871

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Édouard Dolléans, <strong>Histoire</strong> <strong>du</strong> <strong>mouvement</strong> <strong>ouvrier</strong>, <strong>Tome</strong> I : <strong>1830</strong>-<strong>1871</strong> (1948) 79<br />

mêler nullement de politique ». Le Conseil exécutif refuse donc, en février, de se<br />

prêter aux projets de l'Association lyonnaise des Droits de l'Homme.<br />

Le 14 février, 14 000 métiers s'arrêtent. Les ferrandiniers appuient les mutuellistes.<br />

La suspension <strong>du</strong> travail porte sur toutes les étoffes, même celles dont les prix de<br />

façon n'ont pas été diminués.<br />

Les autorités avertissent les <strong>ouvrier</strong>s que « le pouvoir, qui est en mesure et qui est<br />

prévenu, donnerait immédiatement une leçon vigoureuse à ceux qui troubleraient la<br />

paix de la Cité ». On fera appel, non à l'art. 415, mais aux articles 91, 92, 93 <strong>du</strong> Code<br />

pénal. Le préfet Gasparin refuse de présider une réunion entre fabricants et <strong>ouvrier</strong>s<br />

pour élaborer un tarif. Un certain nombre de fabricants ont déjà fermé leurs magasins<br />

et quitté Lyon. Le préfet a fait entrer de nouvelles troupes dans la ville et justifie les<br />

dispositions militaires prises en disant que les <strong>ouvrier</strong>s sont « le jouet de menées coupables<br />

des partis politiques ». « Encore un peu de fermeté, ajoute le lieutenantgénéral,<br />

et les fabricants auront gain de cause. »<br />

Et, en effet, le 19 février, les mutuellistes votent la reprise <strong>du</strong> travail par 1 382<br />

voix, contre 545. Les deux associations des mutuellistes et des ferrandiniers fixent au<br />

24 février la fin de la grève générale : « L'autorité, dit A. Sala, crut avoir remporté une<br />

grande victoire parce que l'augmentation ne fut pas accordée et parce que, effrayée<br />

sans doute d'un grand déploiement de forces. l'Association des mutuellistes avait fait<br />

reprendre les travaux. » Aussitôt le travail repris, les autorités poursuivent 6 membres<br />

<strong>du</strong> Comité exécutif mutuelliste, 3 ferrandiniers et 4 autres <strong>ouvrier</strong>s.<br />

La grève donne lieu à des gestes de solidarité de la part des autres corps d'état ; la<br />

Société mutuelle des typographes et la Société des Unistes ouvrent une souscription<br />

pour les <strong>ouvrier</strong>s en soie. Le 2 mars, L'Écho de la Fabrique écrit : « Il faut bien que<br />

chacun sache aujourd'hui que tous les travailleurs se tendent la main. »<br />

Retour à la table des matières<br />

VI<br />

Dans Les <strong>ouvrier</strong>s lyonnais en 1834, l'officier légitimiste Adolphe Sala a montré<br />

les raisons qui expliquent l'évolution des esprits entre 1831 et 1834 :<br />

« Peu à peu les vaincus de 1831 commencèrent à voir que l'autorité quittait le terrain<br />

de la neutralité... les promesses de tarifs et de pacifiques améliorations étaient<br />

déclarées impossibles, impraticables, impolitiques même... L'<strong>ouvrier</strong> s'habitua à voir<br />

dans les gens de l'autorité des alliés de ses ennemis naturels. Alors, et seulement alors,<br />

la République vint planter son drapeau à côté de celui de la pro<strong>du</strong>ction pour l'opposer<br />

à la Royauté alliée de la Fabrique... Lorsqu'un démenti positif fut donné à des promes-

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