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Histoire du mouvement ouvrier Tome I : 1830-1871

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Édouard Dolléans, <strong>Histoire</strong> <strong>du</strong> <strong>mouvement</strong> <strong>ouvrier</strong>, <strong>Tome</strong> I : <strong>1830</strong>-<strong>1871</strong> (1948) 159<br />

mais au contraire la société bourgeoise qui conditionne et règle l’État, que la politique<br />

et son histoire s'expliquent donc par les raisons économiques et non ces 'raisons par<br />

l'histoire. Quand j'allai voir Marx à Paris, au cours de l'été de 1844, notre accord fut<br />

complet sur toutes les théories, et c'est de ce jour que date notre collaboration. »<br />

Que la modestie d'Engels ne fasse pas illusion. Ce fils d'in<strong>du</strong>striel a pour le cerveau<br />

de Marx une admiration qui l'aveugle ; il n'imagine pas être son égal : Engels,<br />

devant Marx, a l'innocence et l'humilité de l'homme pratique devant l'intellectuel. Il<br />

croit ne lui avoir apporté que de petits faits ; mais ce sont justement ces faits qui donnent<br />

au marxisme son caractère interprétatif de l'évolution historique, sa justification.<br />

A l'aide de ces précieux matériaux, Marx a construit une idéologie ; mais déjà,<br />

avant lui, en écrivant Die Lage der arbeitenden Klasse, Engels avait dégagé des données<br />

<strong>du</strong> <strong>mouvement</strong> <strong>ouvrier</strong> chartiste une systématisation a posteriori. Il avait dessiné<br />

l'épure dont Karl Marx s'est servi pour bâtir l'édifice. Grâce à des formules qui sont<br />

déjà, depuis dix ans, lancées et sans cesse reprises par les écrivains et les orateurs <strong>du</strong><br />

Chartisme.<br />

Retour à la table des matières<br />

II<br />

Avant de rencontrer Engels, Karl Marx, pendant l'été de 1844, adresse à Ruge,<br />

dans le Vorwärts (<strong>du</strong> 7 et <strong>du</strong> 10 septembre) une réponse à l'affirmation que celui-ci<br />

avait faite d'une communauté de vues existant entre eux. Karl Marx proteste. Cette<br />

discussion est soulevée par la révolte des tisserands de Silésie, qui, au nombre de 5<br />

000, avaient non seulement brisé les machines, mais détruit les livres et les titres de<br />

propriété. Karl Marx voit dans ce geste la preuve que la révolte des tisserands n'est<br />

pas une manifestation analogue à celles de la classe ouvrière en France et en Angleterre<br />

: la révolte des tisserands en différerait par son caractère conscient.<br />

Karl Marx affirme que le prolétariat allemand est appelé à devenir le théoricien <strong>du</strong><br />

<strong>mouvement</strong> <strong>ouvrier</strong> international. Le développement de l'esprit politique ne peut résoudre<br />

la question sociale ; l'instinct de classe qui pousse à la révolution sociale est<br />

l'élément créateur et réellement révolutionnaire. Un <strong>mouvement</strong> social, même partiel,<br />

a des effets plus profonds qu'un soulèvement politique. Toute révolution réelle possède<br />

un caractère à la fois politique et social.<br />

Quelque intéressante que soit la réponse à Ruge au point de vue de l'évolution intellectuelle<br />

de Karl Marx, cette réponse reste abstraite, elle manque des éléments<br />

concrets que les expériences <strong>du</strong> Chartisme et d'Engels vont apporter à la doctrine<br />

marxiste.

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