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Histoire du mouvement ouvrier Tome I : 1830-1871

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Édouard Dolléans, <strong>Histoire</strong> <strong>du</strong> <strong>mouvement</strong> <strong>ouvrier</strong>, <strong>Tome</strong> I : <strong>1830</strong>-<strong>1871</strong> (1948) 161<br />

gleterre. C'est après ce séjour que, d'octobre 1845 à août 1846, Karl Marx écrit les<br />

deux volumes de L'Idéologie allemande.<br />

C'est en s'inspirant d'Engels que, dans la Philosophie de l'Économie et dans La<br />

Sainte Famille, Karl Marx montrait que « le caractère inhumain de la Société venait<br />

de ce que, sous le régime de la propriété privée, l'homme aliénait sa substance dans le<br />

pro<strong>du</strong>it de son travail qui l'asservissait en prenant la forme de capital... Cette aliénation<br />

ne pourrait être abolie que par une révolution sociale, Provoquée par le développement<br />

<strong>du</strong> régime économique ».<br />

Nul ne peut nier la puissance de systématisation que possède Karl Marx. Mais,<br />

jusqu'au moment de sa rencontre avec Engels (septembre 1844), Karl Marx est un<br />

philosophe. Dans la Sainte Famille, il reste plus préoccupé de dialectique que de réalité<br />

historique. Ses grandes œuvres historiques, Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte<br />

et La lutte des classes en France, sont écrites à Londres entre 1849 et 1852.<br />

L'acidité réaliste d'Engels a eu pour rôle de décaper l'esprit de Karl Marx de ses<br />

exclusives préoccupations philosophiques. Mais le maître, c'est le prolétariat, dont les<br />

luttes en Grande-Bretagne forcent l'attention de cet observateur aigu qu'était Engels.<br />

La source inspiratrice, c'est la première grande expérience d'un <strong>mouvement</strong> prolétarien.<br />

Retour à la table des matières<br />

III<br />

L'apport décisif des Chartistes et d'Engels ne diminue en rien 1'originalité de Karl<br />

Marx. Seulement, ils font mieux saisir son caractère à deux faces.<br />

Par inclination et par formation, Karl Marx est avant tout un philosophe. Il<br />

s'amuse d'abord au jeu des idées. Rien ne le réjouit comme de démonter ses adversaires<br />

en ré<strong>du</strong>isant leurs thèses à des contradictions ; il rit de leur illogisme, de leurs absurdités.<br />

Il est un dialecticien friand de controverse intellectuelle. Mais il sait aussi<br />

qu'on n'attrape pas les hommes à force d'arguments et de logique. Son tempérament<br />

politique et son ambition en font un réaliste. Dès sa rencontre avec Engels, il aperçoit<br />

soudain le parti qu'on peut tirer des faits et de l'expérience. A dater de cette rencontre,<br />

il va demander aux faits ses plus sûres inspirations, et profiter des expériences ouvrières<br />

pour réviser les théories régnantes parmi les sectes communistes. Karl Marx utilise<br />

la grande expérience qu'est le Chartisme. La brève allusion que le Manifeste communiste<br />

fait <strong>du</strong> Chartisme est, dans sa brièveté et par sa brièveté même, l'aveu involontaire<br />

échappé à Marx : « Les inventeurs de ces systèmes discernent nettement l'antagonisme<br />

des classes, l'action des éléments dissolvants qui travaillent la classe dominante.<br />

Ils ne discernent pas dans la classe prolétarienne l'énergie autonome, le <strong>mouvement</strong><br />

politique qui lui sont propres. »

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