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Histoire du mouvement ouvrier Tome I : 1830-1871

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Édouard Dolléans, <strong>Histoire</strong> <strong>du</strong> <strong>mouvement</strong> <strong>ouvrier</strong>, <strong>Tome</strong> I : <strong>1830</strong>-<strong>1871</strong> (1948) 58<br />

Le 1 er décembre 1832, les <strong>ouvrier</strong>s tailleurs d'habits de Parie donnent à leur association<br />

philanthropique une nouvelle constitution.<br />

Les tailleurs d'habits ont été les premiers à calquer leur règlement sur l'organisation<br />

de la Société des Droits de l'Homme : chaque section a 20 membres au plus, un<br />

chef, un sous-chef et trois quinturions. Chaque série a de 5 à 9 sections. La Société<br />

philanthropique alloue des secours de maladie et des secours aux sociétaires sans travail.<br />

La forme de société philanthropique des <strong>ouvrier</strong>s tailleurs est aussi adoptée, pour<br />

les mêmes raisons de prudence, par les doreurs de Paris ; ils définissent leur union<br />

« une société progressive et impérissable, composée d'<strong>ouvrier</strong>s grands et puissants par<br />

la connaissance qu'ils ont acquise de la dignité de l'homme qui travaille pour vivre et<br />

faire vivre ceux qui ne travaillent pas. Ayant conscience que l'in<strong>du</strong>striel prolétaire est<br />

l'homme le plus utile, ils, ont placé ce dernier au premier degré de l'échelle sociale en<br />

lui faisant accepter les conditions suivantes... » Le règlement a pour objets la fixation<br />

<strong>du</strong> prix et de la <strong>du</strong>rée des journées, l'interdiction <strong>du</strong> travail aux pièces et <strong>du</strong> travail à<br />

l'année. On ne doit plus travailler à l'année pour aucun des entrepreneurs de dorure et<br />

peinture, car « la dignité de l'<strong>ouvrier</strong> <strong>du</strong> XIXe siècle ne lui permet plus d'être le très<br />

obéissant serviteur d'autrui ». L'année 1832 est considérée comme la première année<br />

de la rénovation in<strong>du</strong>strielle des doreurs.<br />

Mais la manifestation la plus significative de l'état d'esprit des classes laborieuses<br />

est celle que relatent Le Précurseur <strong>du</strong> 22 novembre 1832 et L'Écho de la Fabrique<br />

<strong>du</strong> 9 décembre, soit la pétition adressée à la Chambre des députés par des <strong>ouvrier</strong>s de<br />

Paris : « La Révolution de <strong>1830</strong> avait été l’œuvre <strong>du</strong> peuple ; cependant sa victoire lui<br />

a peu profité jusqu'ici ; les réformes ont été sans intérêt immédiat pour le peuple des<br />

ateliers et des chaumières qui forment les 29 /30e de la Nation. »<br />

Cette pétition des <strong>ouvrier</strong>s de Paris est la suite d'autres pétitions dont la plus<br />

curieuse est celle <strong>du</strong> 3 février 1831 de Charles Béranger 27 prolétaire, <strong>ouvrier</strong> horloger,<br />

qui définit ainsi le peuple :<br />

« Ici j'entends par le peuple tout ce qui travaille, tout ce qui n'a pas d'existence sociale,<br />

tout ce qui ne possède rien : vous savez qui je veux dire, les prolétaires. Vous<br />

avez enten<strong>du</strong> parler d'eux ; je n'en doute pas ; ils ont fait assez de bruit dans le monde<br />

depuis un certain temps, et d'abord le 28 juillet. Oh ! ce jour-là, j'étais dans les rues,<br />

moi, j'en sais quelque chose ; elles n'étaient remplies que de ces gens-là... Dans la<br />

première semaine <strong>du</strong> mois d'août <strong>1830</strong>, on en a dit <strong>du</strong> bien : Vous êtes le premier peuple<br />

<strong>du</strong> monde. Ah ! messieurs, ils ont cru cela, les bonnes gens, et vous savez qu'ils<br />

étaient payés pour le croire ; moi, j'ai fait comme eux ; ils ont cru qu'ils allaient enfin<br />

mettre la poule au pot qu'on leur promet depuis si longtemps ; on répétait à tout pro-<br />

27 Pétition d'un prolétaire à la Chambre des députés, par Charles Béranger, prolétaire, <strong>ouvrier</strong> horloger,<br />

rue <strong>du</strong> Pont-aux-Choux, n° 21, imprimée par Le Globe <strong>du</strong> 3 février 1831, Paris, Tastu, in-8°,<br />

1831, 16 pages.

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