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Histoire du mouvement ouvrier Tome I : 1830-1871

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Édouard Dolléans, <strong>Histoire</strong> <strong>du</strong> <strong>mouvement</strong> <strong>ouvrier</strong>, <strong>Tome</strong> I : <strong>1830</strong>-<strong>1871</strong> (1948) 261<br />

à Sotteville-les-Rouen, voient leurs ressources, déjà insuffisantes, diminuées par des<br />

amendes dont certaines s'élèvent aux 5 /6 <strong>du</strong> salaire (26 fr. 50 sur 30).<br />

En février, une grève éclate à Bâle. Varlin et Héligon ouvrent une souscription au<br />

profit des grévistes et, le 25 février 1869, Varlin peut leur envoyer des fonds auxquels<br />

ont contribué de nombreuses sociétés ouvrières. Theisz, Louis-Jean Pindy, Avrial,<br />

Combault, dans leurs milieux respectifs, ont aidé à la réussite de la souscription.<br />

En mars, avril, mai, les nombreuses grèves françaises et étrangères posent aux<br />

militants <strong>ouvrier</strong>s des problèmes difficiles. Varlin, Pindy, Theisz, Murat, Combault<br />

multiplient leurs efforts pour faire face aux appels qui, de tout côté, leur sont adressés.<br />

En juin, grève des mineurs de Saint-Étienne, Rive-de-Gier, Firminy; Les troupes<br />

arrivent ; on les accueille par les cris de « Vivent les militaires ! ». Les femmes font<br />

appel aux soldats : « Tirez, si vous l'osez. » La nuit <strong>du</strong> 16 juin, une compagnie d'infanterie<br />

ramène à Saint-Étienne des manifestants qui ont cherché à empêcher le déchargement<br />

<strong>du</strong> charbon. La troupe, énervée, tire 13 morts, neuf blessés - le massacre<br />

de la Ricamarie.<br />

En juillet, 8 000 ovalistes de Lyon se mettent en grève ; elles reçoivent un salaire<br />

de 1 fr. 50 pour une journée de travail qui se prolonge de 5 heures <strong>du</strong> matin à 11 heures<br />

<strong>du</strong> soir. Les ovalistes, secondées de divers côtés, obtiennent gain de cause. Dans<br />

l'ensemble, les diverses sections de l'Internationale leur ont procuré 3 000 francs.<br />

Mais Varlin écrit à Albert Richard, le 22 juillet 1869, pour lui dire qu'il a été très peiné<br />

de ne pouvoir rien faire pour elles à Paris : « Les faillites des Banques populaires<br />

Beluze et Cie et Wolros ont fait perdre au moins 60 000 francs aux sociétés ouvrières<br />

parisiennes, et celles qui ont eu la chance de ne pas se trouver ruinées par ces mauvaises<br />

affaires, ont dû vider leurs caisses pour soutenir à elles seules les grèves qui se<br />

sont pro<strong>du</strong>ites dans ces derniers temps... Depuis quelques mois, elles se succèdent<br />

trop précipitamment. La souscription pour Bâle n'était pas terminée que commençait<br />

celle pour les Belges ; puis les souscriptions électorales et, après, les souscriptions<br />

pour les familles des citoyens arrêtés à propos des derniers événements, en même<br />

temps que celles pour les victimes de la Ricamarie 115 . »<br />

En octobre, grève des <strong>ouvrier</strong>s mineurs, à Aubin, dans l'Aveyron ; le 8, la troupe<br />

tire : 14 tués, 20 blessés. Le ministre Lebœuf, l'homme qui devait rester célèbre par le<br />

« pas un bouton de guêtre... », décore l'officier qui a ouvert le feu.<br />

Le 10 octobre, les délégués des sociétés ouvrières de Paris, réunis pour discuter<br />

les statuts de la Chambre fédérale, protestent de toute leur énergie contre les actes<br />

sanglants commis sur les travailleurs des mines d'Aubin : « En présence de tels attentats<br />

commis contre la vie et le droit <strong>du</strong> peuple, nous déclarons qu'il nous est impossible<br />

de vivre sous un régime social où le capital répond à des manifestations parfois<br />

turbulentes, mais justes, par des fusillades. Les travailleurs savent ce qu'ils ont à espérer<br />

de cette caste, qui n'a exterminé l'aristocratie que pour hériter de ses injustes prétentions.<br />

Était-ce pour aboutir à de tels résultats que le peuple scella de son sang la<br />

115 Varlin à Albert Richard, Archives municipales de Lyon, Série 1 (2).

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