Histoire du mouvement ouvrier Tome I : 1830-1871
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Édouard Dolléans, <strong>Histoire</strong> <strong>du</strong> <strong>mouvement</strong> <strong>ouvrier</strong>, <strong>Tome</strong> I : <strong>1830</strong>-<strong>1871</strong> (1948) 213<br />
La grève a démontré l'utilité d'un Comité général qui, en cas d'urgence, puisse<br />
convoquer rapidement les syndicats et leur permettre de se donner assistance mutuelle.<br />
La première réunion <strong>du</strong> Conseil des syndicats de Londres a lieu le 10 juillet<br />
1860 ; en 1864 son secrétaire, George Odger, va devenir président <strong>du</strong> Conseil général<br />
de l'Internationale.<br />
La force de ce nouveau conseil, de cette Junta, a été l'union entre cinq hommes qui<br />
ont, à près de 30 ans de distance, réalisé le souhait formulé en 1833 par Efrahem dans<br />
sa brochure : De l'Association des Ouvriers de tous les corps d'état : « A cette amitié<br />
qui doit nous unir, à cette association de nos intérêts, de nos droits et de nos courages,<br />
nous donnerons une tête qui pense, une volonté intelligente et ferme qui imprime l'action<br />
et dirige le <strong>mouvement</strong>. »<br />
« L'amitié qui doit nous unir », selon la parole d'Efrahem, a lié pour une œuvre<br />
commune : William Allan, George Odger, Daniel Guile, Edward Coulson et Robert<br />
Applegarth, militants <strong>ouvrier</strong>s.<br />
À partir de 1860, l'organisation <strong>du</strong> Trade Unionisme se consolide grâce à la parfaite<br />
entente de ces cinq hommes au sein de la Junta, à leur renoncement à tout esprit<br />
de domination, à leur énergie : ils ont compris que l'organisation de la classe ouvrière<br />
est assez complexe, les obstacles à vaincre assez difficiles, le programme à mettre à<br />
exécution assez vaste pour rendre nécessaires, non seulement la solidarité des travailleurs,<br />
mais l'union étroite de chefs dont les qualités complémentaires sont indispensables<br />
à tout programme de large vision, d'action énergique et d'organisation à longue<br />
distance.<br />
Le <strong>mouvement</strong> <strong>ouvrier</strong> a besoin, avant tout, d'équipes de militants qui se tiennent<br />
par la main, et qui ne perdent pas leur temps à se dénigrer sans cesse.<br />
« Pour la première fois, - dit Sidney Webb, - les leaders de la politique ouvrière se<br />
tinrent côte à côte, unis par des liens étroits d'amitié personnelle, et absolument purs<br />
de ces soupçons et de cette défiance qui avaient si souvent gâté les <strong>mouvement</strong>s populaires.<br />
» Et ce miracle <strong>du</strong>ra non pas un court espace de temps, mais pendant des<br />
années. Ces cinq hommes ont lié d'amitié les cinq grandes Unions : mécaniciens, fondeurs<br />
de fer, maçons de briques, cordonniers (chaussures de femme) et charpentiers.<br />
Cette Junta a fait la force <strong>du</strong> Trade Unionisme entre 1860 et 1870.<br />
Les 183 délégués parisiens qui étaient allés à Londres avaient pu constater que le<br />
travail de l'<strong>ouvrier</strong> anglais était mieux rétribué pour une <strong>du</strong>rée <strong>du</strong> travail moindre. Le<br />
syndicalisme anglais jouissait de la liberté de coalition, d'une législation protectrice<br />
<strong>du</strong> travail et des relations d'égal à égal établies entre ses organisations et les organisations<br />
patronales.<br />
Les quatre ébénistes de Paris, dans leur rapport, insistent sur les avantages des<br />
Trade Unions :<br />
« Les <strong>ouvrier</strong>s ébénistes de Londres sont constitués en société corporative, et par<br />
ce moyen, ils n'ont pas à redouter la misère dans leur vieillesse ; de plus, chaque so-