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Histoire du mouvement ouvrier Tome I : 1830-1871

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Édouard Dolléans, <strong>Histoire</strong> <strong>du</strong> <strong>mouvement</strong> <strong>ouvrier</strong>, <strong>Tome</strong> I : <strong>1830</strong>-<strong>1871</strong> (1948) 222<br />

rouge et socialiste..., telle est encore aujourd'hui sa raison d'être... sous ce gouvernement,<br />

la féodalité financière et in<strong>du</strong>strielle... a complété son organisation et pris son<br />

assiette. Elle a soutenu l'Empire qui l'a payée de sa protection. »<br />

En fait, l'échec même de Tolain et des candidatures ouvrières, marque un progrès<br />

de la conscience et de la capacité politique de la classe ouvrière.<br />

Retour à la table des matières<br />

II<br />

Lorsqu'en décembre 1864, Proudhon dédie La Capacité politique des classes ouvrières<br />

à quelques <strong>ouvrier</strong>s de Paris et de Rouen qui l'ont consulté sur les élections, il<br />

est en droit de leur dire : « Cet ouvrage a été conçu sous votre inspiration : il vous<br />

appartient. »<br />

Cet ouvrage, en effet, appartient bien à cette classe ouvrière qui vient de s'affirmer<br />

et d'obtenir, par ses luttes persévérantes, la loi <strong>du</strong> 25 mai 1864.<br />

La rencontre entre les <strong>ouvrier</strong>s et Proudhon a été naturelle ; et c'est pour cette raison<br />

que Proudhon est grand. Ce paysan franc-comtois, qui a été prote d'imprimerie et<br />

commis batelier à Lyon, chez les frères Gauthier, incarne les qualités les plus fines <strong>du</strong><br />

peuple paysan ; <strong>ouvrier</strong>s syndicalistes et employés à médiocre salaire se rattachent à<br />

lui par la vertu de leur effort quotidien.<br />

Proudhon comprenait ce peuple d'instinct, il n'a eu toute sa vie qu'une ambition :<br />

dégager de leurs sentiments tumultueux la pensée de ces « obscurs » auxquels il appartient<br />

par son origine et par son cœur.<br />

Parmi tant d'autres points de rencontre entre Proudhon et les <strong>ouvrier</strong>s de Paris et<br />

de Rouen, il en est un essentiel : la conception commune qu'ils ont de l'é<strong>du</strong>cation et <strong>du</strong><br />

travail. Lorsqu'au point culminant de sa vie, Proudhon affirme sa confiance dans le<br />

devenir et dans la capacité politique de la classe ouvrière, il garde vis-à-vis de celle-ci<br />

les exigences d'un moraliste dont la philosophie sociale a pour centre la réforme de<br />

l'homme. Il demande à la classe ouvrière de prouver, par ses vertus, sa capacité. Les<br />

luttes sociales ne peuvent se mener qu'avec ténacité, courage, stoïcisme. Il réclame de<br />

l'élite ouvrière des vertus héroïques. Un enseignement, à la fois professionnel et humaniste,<br />

doit favoriser cette formation. Pour Proudhon, en effet, l'atelier et l'école font<br />

un tout : ils se complètent, et leur enseignement se rejoint pour former l'homme, le<br />

travailleur. Tout homme doit être un travailleur, et aucun homme ne peut avoir, pour<br />

son travail, la patience et l'enthousiasme nécessaires s'il n'est un homme dans le sens<br />

plein <strong>du</strong> mot. L'union de l'atelier et de l'école permettra de restituer au travail sa signification<br />

et sa joie.

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