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Histoire du mouvement ouvrier Tome I : 1830-1871

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Édouard Dolléans, <strong>Histoire</strong> <strong>du</strong> <strong>mouvement</strong> <strong>ouvrier</strong>, <strong>Tome</strong> I : <strong>1830</strong>-<strong>1871</strong> (1948) 36<br />

Dès 1838 et 1839, la Northern Star repro<strong>du</strong>it ces formules des écrivains et orateurs<br />

chartistes. Le 23 juin 1838, un article intitulé The Factory System contient le<br />

morceau suivant :<br />

« Que les pauvres tisserands qui travaillent à la main aient toujours présent à l'esprit<br />

que l'emploi sans restriction des machines les a complètement jetés hors <strong>du</strong> marché.<br />

Que ceux qui sont assez heureux pour travailler encore se rappellent que les tisserands<br />

en question ont toujours servi de corps de réserve pour permettre aux patrons de<br />

les employer au plus bas prix et pour mettre à leur merci ceux qui travaillent. Nous<br />

avertissons les patrons que, s'ils réussissent à supprimer les associations de travailleurs,<br />

nous y répondrons par une grève générale qui les contraindra à des conditions<br />

que le peuple n'aurait jamais exigées si l'on avait agi loyalement avec lui. »<br />

La théorie de l'armée de réserve in<strong>du</strong>strielle met en relief le fait sur lequel repose<br />

la solidarité ouvrière. Elle démontre aux classes laborieuses qu'elles ont des intérêts<br />

communs. Le prolétariat des fabriques sent que sa situation est solidaire de celle des<br />

autres travailleurs. Les pauvres tisserands de Spitalfields, qui gagnent à peine 7 shillings<br />

par semaine, ou les mineurs de Cornouailles, dont le salaire hebdomadaire<br />

s'élève à 5 shillings, trouvent un appui chez les fileurs de coton de Manchester gagnant<br />

de 25 à 30 shillings par semaine. L'union réalisée par le <strong>mouvement</strong> <strong>ouvrier</strong><br />

chartiste explique sa force, sa <strong>du</strong>rée.<br />

Dans l'esprit des masses ouvrières, la réforme électorale de 1832, la nouvelle Loi<br />

des Pauvres, le machinisme et les crises de chômage sont étroitement liés : ils représentent<br />

les méfaits d'un régime économique et politique.<br />

Le <strong>mouvement</strong> <strong>ouvrier</strong> chartiste est une réaction des victimes de la grande in<strong>du</strong>strie<br />

comme de ses serviteurs, réaction des artisans en décadence comme des <strong>ouvrier</strong>s<br />

des fabriques.<br />

En même temps qu'une réaction, le Chartisme manifeste une évolution sociale. En<br />

réunissant dans une même révolte toutes les catégories de travailleurs, le <strong>mouvement</strong><br />

<strong>ouvrier</strong> chartiste va dégager en ceux-ci la conscience de leurs intérêts communs. La<br />

classe nouvelle va faire l'expérience de sa force. Rapprochés par les mêmes aspirations<br />

et par un programme, les <strong>ouvrier</strong>s chartistes se sentiront solidaires. Dix ans de<br />

luttes les feront vibrer des mêmes espoirs, des mêmes déceptions et des mêmes souffrances.<br />

La solidarité ressentie et les luttes poursuivies en commun contribuent à la<br />

croissance de cette classe nouvelle.

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