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Histoire du mouvement ouvrier Tome I : 1830-1871

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Édouard Dolléans, <strong>Histoire</strong> <strong>du</strong> <strong>mouvement</strong> <strong>ouvrier</strong>, <strong>Tome</strong> I : <strong>1830</strong>-<strong>1871</strong> (1948) 276<br />

usine, manipulateur de plusieurs millions, abuse de cette position et dédaigne toute<br />

conciliation. Aux femmes qui demandent avec leurs époux le droit de vivre en travaillant,<br />

on oppose des escadrons de cavalerie, aux <strong>ouvrier</strong>s qui démontrent l'impossibilité<br />

d'équilibrer leurs budgets en travaillant beaucoup, on répond par un déploiement<br />

de forces militaires considérables. Ces procédés d'un autre âge révoltent la conscience<br />

publique. Employer le fils pour forcer sa mère et son père à se contenter de ce que<br />

veut bien lui donner le seigneur <strong>du</strong> lieu, parce que ce dernier se croit le droit de disposer<br />

des forces nationales, est une grave atteinte au droit public. La masse entière qui<br />

pense et qui travaille proteste contre de pareils faits. »<br />

Le 19 avril 1870, dans une lettre adressée à Combault, Benoît Malon constate les<br />

progrès de l'Internationale « dont l'idée prend comme une traînée de poudre » :<br />

« À Fourchambault, la grève est per<strong>du</strong>e, mais... voici en attendant ce qu'il y a de<br />

fait : sections nombreuses fondées au Creusot, à Fourchambault ; correspondances<br />

ouvertes avec des groupes démocratiques de Moulins, de Nevers, de Guérigny, Cosne,<br />

Beaune, Dijon, Chaton, Tournus, Gueugnon, Torteron et Clamecy et ce n'est qu'un<br />

début. L'idée de l'Internationale prend comme une traînée de poudre. Ces vieux déportés<br />

de Décembre me serrent la main en pleurant, ils se dévouent corps et âme à<br />

l'Internationale qui est pour eux une véritable révélation. »<br />

Les militants parcourent la France. Varlin visite les régions où éclatent des grèves,<br />

et celles <strong>du</strong> Nord et de l'Est, où des groupes nouvellement formés commencent à se<br />

développer. Varlin parle peu, toujours au moment juste. Le plus souvent il s'efface<br />

pour mettre en valeur la personnalité d'autrui. Par l'exemple de sa simplicité et de sa<br />

foi, il donne confiance à ses camarades. Il leur dit ce qu'il attend d'eux, et les révèle à<br />

eux-mêmes, en leur montrant ce qu'on peut exiger de soi. Sa personnalité rayonne,<br />

entourée « d'une popularité mystérieuse. 131 »<br />

Au commencement d'avril, en revenant de Lyon, il s'arrête au Creusot, se trouve à<br />

Lille où il vient organiser une Fédération des sociétés ouvrières. Il est infatigable ; à<br />

un ami qui le prie de ralentir son activité, il répond : « Quand la liberté et la justice<br />

régneront sur terre, je m'arrêterai. »<br />

Mais les militants savent que ces progrès <strong>du</strong> <strong>mouvement</strong> <strong>ouvrier</strong> préoccupent le<br />

gouvernement et qu'ils sont vus sans sympathie par les républicains politiques. Ledoré,<br />

de Brest, écrit à Pindy et à Malon, le 7 avril : « Il est plus que probable que bientôt<br />

une partie des membres de l'Internationale sera assassinée et une partie emprisonnée.<br />

»<br />

La police impériale a fait, en mars, une enquête dans toute la France et évalue à<br />

400 000 les membres de l'Internationale. Albert Richard estime ce chiffre exagéré. En<br />

fait, au 20 avril 1870, le chiffre des membres inscrits est de 245 000. Mais le gouvernement<br />

a intérêt à grossir les effectifs d'une association dont il veut se servir comme<br />

131 Benoît Malon à Combault : « Va, je te prie, serrer la main à Varlin de ma part, et dis-lui que son<br />

passage lui a valu une sorte de popularité mystérieuse, qui fait que sa lettre a plus contribué à me<br />

faire bien recevoir que le mandat de La Marseillaise. » (7 avril 1370.)

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