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Histoire du mouvement ouvrier Tome I : 1830-1871

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Édouard Dolléans, <strong>Histoire</strong> <strong>du</strong> <strong>mouvement</strong> <strong>ouvrier</strong>, <strong>Tome</strong> I : <strong>1830</strong>-<strong>1871</strong> (1948) 46<br />

pour discerner ce qui convient à leurs intérêts aussi bien qu'aux intérêts de tous. Les<br />

préjugés que les classes ouvrières doivent seulement au défaut de leur é<strong>du</strong>cation font<br />

beaucoup de mal et mettent souvent obstacle aux améliorations les plus désirables. »<br />

Les Débats sont plus perspicaces que Le National lorsqu'ils écrivent le 13 septembre<br />

: « Le parti républicain ne peut offrir aux <strong>ouvrier</strong>s que de leur donner des droits<br />

politiques. Or ce n'est pas pour ce résultat que les <strong>ouvrier</strong>s se coalisent... Dans les<br />

coalitions et les émeutes, la politique n'est pour rien ; il ne s'agit point d'opinions,<br />

mais d'intérêts. Les classes inférieures éprouvent, à n'en point douter, un sentiment de<br />

mauvaise humeur contre la propriété ; et cela n'arrive pas seulement en France, mais<br />

en Angleterre et en Belgique ; il est visible que les classes inférieures tendent partout<br />

à envahir violemment la propriété ; que c'est là la question de l'avenir, question toute<br />

matérielle et toute palpable. »<br />

Les classes ouvrières sont profondément déçues : « Les trois journées de Juillet,<br />

dit Le Peuple <strong>du</strong> 20 octobre, n'ont eu d'autre résultat qu'un changement de dynastie.<br />

Elles promettaient davantage. »<br />

Cette désillusion donne aux classes laborieuses le sentiment de leur isolement<br />

dans la société.<br />

Les chapeliers fouleurs se divisaient en deux camps selon qu'ils acceptaient ou refusaient<br />

de travailler chez les maîtres qui n'observaient pas le tarif accepté par les<br />

maîtres et les <strong>ouvrier</strong>s et appuyé par l'autorité. Les chapeliers fouleurs cherchent à<br />

s'unir 20 . La Bourse auxiliaire qu'ils ont formée voit ses membres passer de 600 à 1<br />

237 ; les <strong>ouvrier</strong>s qui n'adhéraient pas à la Bourse demandent leur adhésion en masse.<br />

Première manifestation d'un sentiment qui va se généraliser : les <strong>ouvrier</strong>s commencent<br />

à s'apercevoir qu'ils n'ont rien à espérer que d'eux-mêmes, de leur organisation, de<br />

leur union.<br />

Mais la société de résistance, - premier foyer de l'organisation ouvrière, - ne peut<br />

encore se constituer à visage ouvert. Elle est obligée de se dissimuler sous les apparences<br />

des sociétés philanthropiques, des sociétés de secours mutuels. Le 1 er juin<br />

1831, s'organise la société philanthropique des <strong>ouvrier</strong>s tailleurs, qui, outre les secours<br />

de maladie, s'engage à secourir les sociétaires en chômage et dans les autres cas non<br />

prévus. Cette société va devenir une des plus puissantes sociétés corporatives.<br />

20 JEAN VIAL, La coutume chapelière, Paris, Domat-Montchrestien,1942

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