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Histoire du mouvement ouvrier Tome I : 1830-1871

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Édouard Dolléans, <strong>Histoire</strong> <strong>du</strong> <strong>mouvement</strong> <strong>ouvrier</strong>, <strong>Tome</strong> I : <strong>1830</strong>-<strong>1871</strong> (1948) 37<br />

b) La déception des trois glorieuses<br />

Retour à la table des matières<br />

Le 26 juillet <strong>1830</strong>, des imprimeurs, puis d'autres in<strong>du</strong>striels de Paris, ferment leurs<br />

ateliers. Des groupes d'<strong>ouvrier</strong>s inoccupés circulent dans les rues et commencent à<br />

manifester.<br />

Le 27, les premières barricades s'élèvent dans les quartiers de l'Hôtel de Ville, de<br />

la Bastille, des Faubourgs. Le 29, le drapeau tricolore est planté sur les Tuileries.<br />

Mais, le même jour, la révolution est escamotée par Thiers : « Sans d'Orléans, pensaitil,<br />

nous ne pouvons pas contenir cette populace. » Le 30, une proclamation rédigée<br />

par lui est affichée sur les murs de Paris ; elle promet une charte qui sera l'expression<br />

des droits <strong>du</strong> peuple français. Les républicains s'inclinent devant le fait accompli.<br />

L'initiative de la résistance a été prise par la bourgeoisie ; mais c'est le peuple qui<br />

a vaincu. Suscitée par les maîtres, l'intervention des <strong>ouvrier</strong>s a donné à la révolution<br />

un élan irrésistible.<br />

C'est le futur ministre de Louis-Philippe, Barthe, qui eut, selon le comte d'Argout,<br />

l'idée qu'il conviendrait de jeter les <strong>ouvrier</strong>s imprimeurs sur le pavé de Paris. Le 26<br />

juillet, il engage un imprimeur de ses amis à réunir les autres imprimeurs, ceux-ci se<br />

mettent d'accord pour fermer le lendemain matin leurs ateliers. Les <strong>ouvrier</strong>s renvoyés<br />

s'attroupent au Palais-Royal et forment le premier noyau de l'insurrection 16 . Des libraires<br />

transforment en arsenal leurs magasins, et, dans sa Chronique de juillet <strong>1830</strong>,<br />

Rozet note que les caractères d'imprimerie servent aux fusils de projectiles.<br />

Les autres maîtres suivent l'exemple des imprimeurs. Ils disent à leurs <strong>ouvrier</strong>s :<br />

Nous n'avons plus de pain à vous donner.<br />

Audry de Puyraveau, pour construire les barricades, sacrifie toutes les voitures de<br />

son établissement de roulage : ouvrant à deux battants les portes de sa maison, il appelle<br />

à grands cris les combattants et leur distribue 300 fusils et 1 800 baïonnettes. Le<br />

27, un fabricant <strong>du</strong> Pré Saint-Gervais exhorte ses <strong>ouvrier</strong>s à prendre les armes et leur<br />

distribue des balles faites avec les tuyaux de plomb de son jardin.<br />

Il en est de même en province, à Bar-le-Duc, à Limoges, à Corbeil, à Nantes, où le<br />

maître d'une fabrique d'étoffes, Petit Pierre, après avoir encouragé ses <strong>ouvrier</strong>s à s'armer,<br />

demande ensuite la Légion d'Honneur pour prix de son courage : deux de ses<br />

16 Notes inédites <strong>du</strong> comte d'Argout, citées par PAUL MANTOUX, Patrons et <strong>ouvrier</strong>s. R. d'<strong>Histoire</strong><br />

Moderne et Contemporaine, 1901-1902, p. 291.

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