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Histoire du mouvement ouvrier Tome I : 1830-1871

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Édouard Dolléans, <strong>Histoire</strong> <strong>du</strong> <strong>mouvement</strong> <strong>ouvrier</strong>, <strong>Tome</strong> I : <strong>1830</strong>-<strong>1871</strong> (1948) 20<br />

II<br />

Au cours <strong>du</strong> XIX ème siècle, la condition matérielle des travailleurs suit les fluctuations<br />

des vicissitudes économiques. Leur condition morale devient pire par la rupture<br />

complète des liens personnels.<br />

Entre 1836 et 1850, le régime de la grande pro<strong>du</strong>ction capitaliste se développe sous<br />

sa première forme, indivi<strong>du</strong>aliste. Les entreprises indivi<strong>du</strong>elles sont con<strong>du</strong>ites par des<br />

chefs qu'en Grande-Bretagne on appelle les capitaines d'in<strong>du</strong>strie : âpres au gain mais<br />

hardis, ils acceptent risques et responsabilités.<br />

A partir de 1851, s'amorce une transformation des entreprises, une évolution <strong>du</strong><br />

capitalisme. Proudhon a été, en France, un des premiers à en prévoir les conséquences,<br />

lorsque le 8 septembre 1852, à Lyon, il insère dans son carnet cette note inédite :<br />

« La France sera livrée au monopole des compagnies, à la féodalité. Voilà le régime<br />

féodal qui vient. Les tissus, les fers, les grains, les liquides, les sucres, les soies, tout<br />

est en voie de monopole 9 »<br />

En 1863, dans la brochure : Quelques vérités sur les élections de Paris, Tolain<br />

constate que l'évolution vue par Proudhon s'accentue : « Les capitaux se concentrent<br />

et s'organisent en puissantes associations financières et in<strong>du</strong>strielles. Si nous n'y prenons<br />

garde, cette force sans contrepoids régnera bientôt despotiquement. »<br />

La loi de 1867 sur les sociétés anonymes est la formule juridique qui consacre cette<br />

évolution d'un capitalisme indivi<strong>du</strong>aliste : celui-ci va progressivement muer en un<br />

capitalisme anonyme et irresponsable. Cette évolution demandera pour se parfaire<br />

plus d'un quart de siècle et c'est seulement dans la première décade <strong>du</strong> XXe siècle<br />

qu'apparaîtront les formes achevées <strong>du</strong> capitalisme monopoliste. Mais, <strong>du</strong>rant les<br />

premières années de l'Empire « libéral », entre 1860 et 1865, les conséquences sociales<br />

de cette seconde forme <strong>du</strong> capitalisme se sont fait sentir : les écrivains et les militants<br />

<strong>ouvrier</strong>s ont mesuré la répercussion de cette évolution sur les relations sociales à<br />

l'intérieur de l'entreprise.<br />

Déjà, dans l'étude qu'il publie, en 1859, sur le régime des manufactures, Louis Reybaud,<br />

membre de l'Institut, aperçoit les conséquences économiques et sociales de la<br />

concentration. « L'isolement, qui naguère dominait dans l'in<strong>du</strong>strie, y devient l'exception<br />

; c'est la concentration qui prévaut. Peu à peu, et dans tous les genres de pro<strong>du</strong>its,<br />

les petits ateliers domestiques disparaissent devant les grands établissements manu-<br />

9<br />

Carnets intimes de Proudhon, ms. inédits.

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