Histoire du mouvement ouvrier Tome I : 1830-1871
Histoire du mouvement ouvrier Tome I : 1830-1871
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Édouard Dolléans, <strong>Histoire</strong> <strong>du</strong> <strong>mouvement</strong> <strong>ouvrier</strong>, <strong>Tome</strong> I : <strong>1830</strong>-<strong>1871</strong> (1948) 81<br />
opposition fort limitée. Seul ou presque seul, le comte de Ludre rappelle la con<strong>du</strong>ite<br />
<strong>du</strong> peuple lors de la Révolution de Juillet. « Le pouvoir a trouvé de l'or et des caresses<br />
pour tous les ennemis de la Révolution ; quant au peuple, il a eu aussi son lot : de la<br />
misère quand il s'est tu, de la mitraille quand il a osé se plaindre. »<br />
*<br />
* *<br />
A Lyon, le 6 mars, La Glaneuse annoncé que toutes les associations ouvrières ou<br />
républicaines vont grouper leurs forces contre le projet de loi : « Mutuellistes, ferrandiniers,<br />
concordistes, sociétaires des Droits de l'Homme, de l'Union, de l'Indépendance,<br />
ont appris, avec la plus vive indignation, quelle nouvelle atteinte nos gouvernants<br />
veulent porter contre la liberté. Une résistance sérieuse va donc s'engager lorsqu'il<br />
faudra exécuter cette infâme loi. »<br />
Marc Dufraisse, dans sa brochure sur L'Association des Travailleurs, avait<br />
conseillé le recours à la grève générale politique : « Quand le peuple, disait-il, sera<br />
bien convaincu qu'il ne trouvera d'amélioration que dans l'exercice de sa souveraineté,<br />
alors un jour, un beau jour, tous les prolétaires feront grève pour revendiquer leurs<br />
droits d'hommes et de citoyens. » A la loi sur les associations, les sociétés ouvrières<br />
vont, à Lyon, tenter de s'opposer par la grève générale politique.<br />
Le 30 mars 1834, le Conseil exécutif des mutuellistes soumet aux loges un ordre<br />
<strong>du</strong> jour proposant la création d'un Comité d'ensemble. La majorité qui, en février,<br />
avait voté en faveur de la grève générale, se retrouve pour appuyer ce projet. Et un<br />
Comité d'ensemble est créé. Selon le Commissaire central de Lyon, ce Comité d'ensemble<br />
était composé de 12 membres : Baune, le président de la Section lyonnaise des<br />
Droits de l'Homme, Girard, président <strong>du</strong> Comité exécutif des mutuellistes, Marigné,<br />
président de la Société philanthropique des <strong>ouvrier</strong>s tailleurs ; et, à côté d'eux, les représentants<br />
des Unistes, des Concordistes, des ferrandiniers, des tullistes, des charrons<br />
et de la Société <strong>du</strong> Parfait Accord des Cordonniers. Les mutuellistes et les ferrandiniers<br />
s'entendent avec la Société des Droits de l'Homme pour résister par la force à ta<br />
mise en application de la loi sur les Associations.<br />
Le 5 avril, le Comité d'ensemble est constitué : « Les sociétés in<strong>du</strong>strielles, les<br />
compagnonnages, les sociétés politiques ont formé un pacte fédératif ; l'unité règne,<br />
tous les citoyens, à quelque corps qu'ils appartiennent, se considèrent comme attaqués.<br />
La défense sera solidaire. » (Tribune <strong>du</strong> 10 avril.)<br />
Dès le 3 avril, les mutuellistes, au nombre de 2 557, ont protesté en ces termes<br />
contre la loi sur les Associations, une oeuvre <strong>du</strong> vandalisme le plus sauvage. Les mutuellistes<br />
protestent contre la loi liberticide et déclarent « qu'ils ne courberont jamais<br />
la tête sous un joug aussi abrutissant, que leurs réunions ne seront pas suspen<strong>du</strong>es. Il<br />
sauront résister, avec l'énergie qui caractérise les hommes libres, à toute tentative<br />
brutale et ne reculeront devant aucun sacrifice pour la défense d'un droit qu'aucune<br />
puissance humaine ne pourrait leur ravir ».