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Histoire du mouvement ouvrier Tome I : 1830-1871

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Édouard Dolléans, <strong>Histoire</strong> <strong>du</strong> <strong>mouvement</strong> <strong>ouvrier</strong>, <strong>Tome</strong> I : <strong>1830</strong>-<strong>1871</strong> (1948) 278<br />

mais j'attache mon honneur à ce que rien d'inutile et d'illégal ne se fasse nulle part.<br />

J'ignore quelle est votre situation judiciaire, mais je vais immédiatement m'en informer.<br />

Le souvenir de mon pauvre cher frère ne me laisse jamais insensible. Je vous<br />

salue cordialement. »<br />

Varlin était en province ; il revient à Paris afin de partager le sort de ses camarades.<br />

Mais ses amis le forcent à s'enfuir à Bruxelles où l'accueille Eugène Hins. Aussi<br />

n'est-ce pas lui qui présentera la défense collective au troisième procès, mais Chalain<br />

et Theisz au nom de la Chambre fédérale ouvrière et de ses coaccusés, Avrial (mécaniciens),<br />

Durand (bijoutiers), Pagnerre (feuillagistes), Franquin (lithographes). Louis<br />

Chalain s'écrie :<br />

« Vous faites de Mazzini le fondateur de l'Internationale. Nous avons assez proclamé<br />

cependant que nous ne voulons plus de sauveurs... L'expérience a appris aux<br />

classes ouvrières qu'elles ne devaient compter que sur elles-mêmes, et c'est là l'idée<br />

mère de l'Internationale.<br />

« Nous ne saurions nous attacher sérieusement à repousser un délit imaginaire, et<br />

reconnu pour tel par tout ce qui est indépendant. L'Internationale est la première association<br />

qui se soit débarrassée <strong>du</strong> vieil esprit d'autorité qui, jusque-là - en fait <strong>du</strong><br />

moins - était resté dominant dans tous les partis ; c'est elle la première qui a rejeté le<br />

mot d'ordre <strong>du</strong> Comité directeur, pour confier son oeuvre aux masses elles-mêmes ;<br />

ne dit-elle pas que l'affranchissement des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs<br />

eux-mêmes ? L'Internationale, société secrète ? Mais il n'y a pas de société qui recherche<br />

plus de publicité... Nous ne voulons plus de sauveurs, nous avions la prétention<br />

d'avoir su connaître nos intérêts aussi bien que personne. »<br />

Theisz montre que la Chambre syndicale ouvrière n'a pas été un moyen de reconstituer<br />

l'Internationale : elle constitue un organisme autonome, corporatif, la première<br />

étape d'un fédéralisme économique.<br />

Le 5 juillet, Léo Frankel, <strong>ouvrier</strong> bijoutier, termine son plaidoyer par cette fable :<br />

« Que les capitalistes à l'occasion d'une grève suscitée par leurs prétentions avides,<br />

soient les premiers à accuser l'Internationale de tout le mal, je n'y vois rien d'étonnant.<br />

Ils agissent en ce point comme le loup de la fable qui se tenait au bord <strong>du</strong> ruisseau et<br />

accusait de lui troubler son eau l'agneau qui se désaltérait au-dessous de lui dans le<br />

ruisseau. L'agneau eut beau se défendre, prétendant que, l'eau ne pouvait pas remonter<br />

sa pente, toutes ses dénégations ne lui servirent de rien ; le loup cherchait seulement<br />

une occasion favorable pour le dévorer. »<br />

Le même jour, le tribunal condamne pour avoir fait partie d'une société secrète, à<br />

un an de prison, Varlin, Malon, Murat, Johannard, Pindy, Combault et Héligon, et les<br />

autres à deux mois de prison.

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