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Histoire du mouvement ouvrier Tome I : 1830-1871

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Édouard Dolléans, <strong>Histoire</strong> <strong>du</strong> <strong>mouvement</strong> <strong>ouvrier</strong>, <strong>Tome</strong> I : <strong>1830</strong>-<strong>1871</strong> (1948) 271<br />

chemin, le seul qui con<strong>du</strong>ise droit au but. Tout le temps et tous les efforts voués à<br />

d'autres choses sont non seulement per<strong>du</strong>s, mais directement nuisibles. »<br />

Par contre, en acceptant un trop proche contact avec les petits groupes révolutionnaires,<br />

les militants <strong>ouvrier</strong>s commettent une erreur ; cette alliance apparente permet<br />

de les confondre, elle est le point par où les atteindre. En vain, après les troubles de la<br />

première semaine de février, à Paris, Combault, Émile Landrin, Johannard, Malon,<br />

Pindy mettent-ils en garde les masses ouvrières ; ils invitent les socialistes à ne pas<br />

compromettre le triomphe définitif par une action trop précipitée. Qu'importe leur<br />

prudence ! La police impériale va trouver, dans les discours prononcés aux réunions<br />

publiques mixtes, des prétextes suffisants pour armer un gouvernement qui cherche à<br />

masquer sa faiblesse.<br />

Le 2 janvier 1870, Émile Ollivier désigne à l'Empereur les personnes appartenant<br />

à la majorité parlementaire et qui pourraient former le cabinet. Pour rassurer à la fois<br />

l'Empereur, l'Impératrice et le Corps législatif, Émile Ollivier s'est déclaré prêt « à<br />

prendre la révolution corps à corps ». Le 11, au lendemain <strong>du</strong> meurtre de Victor Noir<br />

tué par le prince Pierre Bonaparte, il s'écrie : « Nous sommes la liberté, et si vous<br />

nous y contraignez, nous serons la force. » Une semaine après son arrivée au pouvoir,<br />

Émile Ollivier est prêt à reprendre les méthodes policières de Rouher.<br />

Le 12 janvier, à Neuilly, à l'enterrement de Victor Noir, plus de 100 000 personnes<br />

sont réunies et, parmi elles, les membres des sociétés corporatives. Mais les <strong>ouvrier</strong>s<br />

militants ne se laissent pas entraîner par l'impatience de quelques jacobins. Napoléon<br />

III et peut-être Émile Ollivier n'attendent qu'un prétexte pour « écraser la révolution<br />

». Le ministre de la Guerre a garni de troupes les Champs-Élysées et<br />

« l'Empereur est en pantalon rouge », prêt à la bataille.<br />

Varlin écrit, le 19 janvier, à Aubry et à Bastelica et leur explique la situation difficile<br />

dans laquelle se sont trouvés les militants <strong>ouvrier</strong>s ; leur volonté est de prévenir à<br />

l'avenir toute imprudence et de ne pas se laisser surprendre par l'événement :<br />

« Les délégués de la Chambre fédérale se sont émus <strong>du</strong> danger qu'il y a pour la<br />

cause populaire à abandonner ainsi la direction à un ou quelques hommes. Des circonstances<br />

semblables à celles <strong>du</strong> 12 peuvent se présenter. Il ne faut pas que la population<br />

ouvrière et socialiste soit exposée à ce que le mot d'ordre soit dans un quartier<br />

« Combat » et dans un autre « Situation ». Pour éviter tout malenten<strong>du</strong>, et aussi pour<br />

empêcher que quelques indivi<strong>du</strong>alités ne s'emparent <strong>du</strong> <strong>mouvement</strong>, nous avons décidé<br />

que, désormais, nous suivrions attentivement le <strong>mouvement</strong> politique et que, dans<br />

toutes les occasions, nous nous consulterions sur ce qu'il y aurait à faire. Les esprits<br />

sont montés ; la révolution s'avance, il ne faut pas nous laisser déborder. Les partis<br />

bourgeois multicolores craignent les socialistes qu'ils voient grandir ; sans doute une<br />

émeute vaincue les satisferait, car ce serait une occasion de proscriptions contre nous ;<br />

mais nous serons d'autant plus prudents que nous nous sentons plus seuls. »<br />

En janvier, grève au Creusot. Un mécontentement existe parmi les <strong>ouvrier</strong>s ; il a<br />

son origine première dans la discipline autocratique qui règne au Creusot. Le règlement<br />

d'atelier est rédigé de telle sorte qu'il est possible d'imposer 50 francs d'amende à<br />

un <strong>ouvrier</strong> pour n'avoir pas dénoncé un camarade. La grève prend naissance à l'occa-

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